Les cinq membres de l’Atelier H – Alain Cortat, Pierre-Yves Donzé, Gilles Forster, Clément Jeanguenat et Stéphanie Lachat, tous nés entre 1970 et 1974 – ont introduit l’ego-histoire en Suisse romande. C’est un gros volume préfacé par Pierre Nora, de l’Académie française, instigateur des Essais d’ego-histoires (Gallimard, 1987) Le résultat est séduisant. On fait la connaissance de vingt historiens nés entre 1918 (Miklos Molnar qui vient de décéder) et 1949 (Martine Chaponnière, l’une des cinq femmes protagonistes de l’ouvrage). Toutes les tendances politiques se côtoient. A l’image de quatre professeurs lausannois : Hans Ulrich Jost très à gauche, André Lasserre député libéral, Miklos Molnar apatride et fiché comme anarchiste et Jean-François Poudret collaborateur de la Nation – organe de la Ligue vaudoise. Parmi les vingt personnalités, il y a même un autodidacte, Claude Cantini, d’origine italienne.
La lecture de ces «confessions» est passionnante car chaque protagoniste adopte un point de vue original où l’intimité se mélange à la vie publique. Si Lucienne Hubler choisit pour son texte un titre en anglais, c’est à cause d’un roman historique de Charles Dickens reçu pour ses douze ans. Georges Andrey, Fribourgeois, a passé son «bac» en France, à Miribel-les-Echelles près de la Grande Chartreuse car on le voyait déjà ensoutané. Jean-François Poudret met en scène un débat entre un dominicain et Marcel Regamey où il révèle son orthodoxie thomiste. Martine Chaponnière parle du féminisme militant. Pierre Jeanneret souligne le travail de l’Association pour l’histoire du mouvement ouvrier (AHEMO).
Ego-histoires. Ecrire l’histoire en Suisse romande, Ed. Alphil, Neuchâtel 2003
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