Les observateurs ont remarqué l’attitude plus marquée à droite du magazine Die Weltwoche depuis son rachat, avec les éditions Jean Frey, pour 120 millions de francs, par une société dont le Tessinois Tito Tettamenti détient le quart du capital. Elle compte dans son actionnariat le banquier genevois Pierre Mirabaud et d’autres personnes connues de l’économie, ce qui ne signifie pas que Christoph Blocher figure parmi les détenteurs non connus d’un cinquième du capital. Le rédacteur en chef est le Zurichois Roger Köppel, né en 1965. Grâce à son interview dans Le Matin dimanche, nous savons que si un groupe paie une somme aussi élevée «pour acquérir un groupe de presse, c’est pas pour faire d’un de leurs journaux un brûlot d’extrême gauche.» Or, des collaborateurs qui sont loin d’en être, comme Beat Kappeler, ont préféré quitter le journal même si d’autres collaborateurs de gauche continuent parfois de fournir des articles. Alibi ? En fait, Die Weltwoche n’a jamais été, à notre connaissance, un «bastion de gauche». Une preuve vient d’être fournie par les éditeurs du magazine (c’était autrefois un journal au format berlinois). Ils célèbrent le septantième anniversaire de leur publication avec un numéro spécial reproduisant des articles tirés de plus de 3 600 numéros qui ont paru entre le 17 novembre 1933 et aujourd’hui. Par la même occasion, ils ont réédité pour un cercle restreint le premier numéro du journal. Une constatation, le journal au titre bleu était sensible à l’Allemagne nouvelle qui «s’éveillait» depuis le 30 janvier de la même année.
Dans cette anthologie, Roger Köppel note que cette sympathie pour le voisin du Nord était motivée par la peur du communisme et n’a duré que deux ans car le péril nazi a été vite perçu. Admettons donc que la Weltwoche est restée indépendante mais on est en droit de considérer qu’elle est devenue la porte-parole d’une droite économique nationale conservatrice et qui aime ceux qui respectent les gros contribuables en baissant les impôts comme l’a fait le canton de Schwyz. En revanche, ceux qui restent dominés par une UDC traditionnellement gouvernementale sont dénoncés comme des perdants. Ce fut le cas, pas totalement à tort par ailleurs, pour le canton de Berne. A fin octobre (voir ci-contre), la couverture nous montrait un drapeau bernois avec l’ours glissant vers la droite. Ce symbole devrait faire réfléchir les éditeurs et rédacteurs de la Weltwoche.
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