La Revue suisse d’histoire consacre son numéro de cet automne aux Turcs qui ont trouvé refuge dans notre pays. On peut lire, entre autres, une étude de Sinan Kuneralp sur son grand-père et son père intitulée D’Ali Kemal à Zeki Kuneralp : itinéraire helvétique d’une famille turque.
Lorsque le père est assassiné en 1922 parce qu’il s’oppose au mouvement kémaliste, la mère se réfugie dans le canton de Berne avec son fils. Son choix est dicté par le fait qu’une sœur a épousé un médecin bernois établi à Münchenbuchsee. A l’école primaire de Gümligen, Zeki a comme instituteur le futur historien Edgar Bonjour. Zeki a été le premier Turc à obtenir la maturité au gymnase de Berne. Pendant ses études de droit à l’Université de Berne, il a été Fuchs puis Brusch de la société d’étudiants ZŠhringia qui fait partie de la même fédération que la société lausannoise Valdésia. Il y est resté fidèle comme «ancien» jusqu’à sa mort, en 1998.
Docteur en droit «summa cum laude» en 1938, il a regagné son pays la même année et s’est mis à sa disposition en entrant dans le service diplomatique. En août 1960 il a été nommé ambassadeur à Berne où sa connaissance du bernois suscita bien des histoires apocryphes.
Jusqu’à la fin de sa vie, l’une de ses joies a été de pouvoir s’entretenir en berndütsch. Il a été un lecteur fidèle de la Neue Zürcher Zeitung qu’il considérait comme «le meilleur quotidien du monde». En 1964 il a quitté Berne pour Londres. Son fils termine son article par cette phrase : «Ses deux fils, scolarisés dans des écoles françaises, s’étaient refusés, par suffisance et snobisme à apprendre le bernois». cfp
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