La sœur de Blocher vient de publier, aux éditions Pendo Verlag un récit visiblement autobiographique de son enfance. L’ouvrage, loin de considérations politiques, évoque la vie d’une famille de pasteur, dans la Suisse profonde.
Le roman de Judith Giovannelli-Blocher, Das gefrorene Meer, sœur aînée d’un industriel et homme politique connu, ne contient pas de révélation sensationnelle. Il ne sera probablement jamais traduit. Pourtant l’ouvrage mérite le détour. C’est la vie dans la famille nombreuse d’un pasteur zurichois occupant la chaire d’une Église, près des Chutes du Rhin. L’argent n’est pas abondant. Certains enfants sont difficiles, en particulier Lore alias l’auteure. La cure n’est pas seulement la maison familiale mais le centre d’une activité paroissiale, obligeant les enfants à disparaître au gré des réunions qui s’y tiennent. Enfin la guerre jette une ombre sur l’époque évoquée.
Sur un autre plan, le livre, apolitique, contient des indications limpides sur le passé de la famille : le grand-père, dont il est question à plusieurs reprises, a été présenté en 1993 dans DP 1128. La grand-mère Mathilde, dont le prénom se trouve en deuxième position dans celui de l’auteure, était la descendante d’une femme qui a ouvert la voie à ses comparses, il y a longtemps en Allemagne. La lecture du dimanche soir fait remonter l’histoire à l’ancêtre venu d’Allemagne pour instruire les enfants de l’Oberland bernois, à l’arrière grand-père qui a sympathisé avec le socialisme chrétien, au grand-père qui souffrait d’asthme et qui, au lieu de devenir pasteur, aurait dû être professeur d’allemand.
Un père scandalisé
Et que penser de la mère qui rougit lorsqu’un voisin, dans une cantine de montagne, dit « quelle portée », en voyant la famille nombreuse qui s’installe pour manger une assiette de soupe pour deux, en raison des prix « de montagne » ? Mais chacun pourra manger autant de pain qu’il en a envie. Après avoir entendu la remarque du voisin, le père décide de commander encore des schüblings. Il n’y en a pas un par personne mais plus qu’à la maison. L’auteure n’a pas cherché la sensation. Elle traduit une atmosphère. Que penser de sa discussion avec son père qui veut l’empêcher d’aller faire un apprentissage à Paris à cause des dangers de la ville, et de sa réponse qui revendique le droit d’essayer, même le mal, pour trouver le mieux ? Bien entendu le père est scandalisé.
Livre non politique peut-être, mais en tout cas fort révélateur de la vie dans la Suisse profonde. cfp
Judith Giovannelli-Blocher, Das gefrorene Meer, Pendo Verlag 1999.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!