La récente décision du canton de Zoug de soutenir, à raison d’un million par an, différentes institutions culturelles zurichoises a été unanimement applaudie sur les bords de la Limmat. Le seul bémol est venu du maire de Zurich, qui regrette que les institutions aidées dépendent toutes du canton, et que la ville ne bénéficie en rien d’un allégement.
Ë Schwytz et en Argovie, deux autres grands consommateurs de prestations culturelles de la ville de Zurich, un certain malaise se fait sentir. Pour ne rien faire, les Argoviens indiquent que l’opéra de Strasbourg est aussi proche que celui de Zurich et qu’au demeurant, l’entretien des nombreux châteaux d’Argovie coûte cher et bénéficie également aux visiteurs zurichois. Le directeur schwytzois des finances, plus subtil, invoque la difficulté à faire passer en votation un projet de loi qui autoriserait le soutien d’institutions extracantonales : il est en effet statistiquement prouvé que les Schwytzois ont tendance à voter davantage « non » que leurs Confédérés, quelle que soit la question. ( NNZ, 9.6.98 )
La décision zougoise, aussi positive soit-elle pour les institutions culturelles zurichoises, est inquiétante. Elle montre clairement une Confédération incapable de mettre en place des mécanismes de péréquation efficaces. Elle a laissé les cantons périurbains pratiquer la sous-enchère : par les nombreuses lacunes de leur filet fiscal, ils ont attiré les gros contribuables. Parallèlement, ils ont laissé les centres urbains assumer seuls leurs charges, en se glorifiant d’avoir un État « mince ».
La péréquation financière ne doit pas s’assimiler à de la mendicité. Il faut des règles du jeu claires et transparentes, valables pour tous les cantons et communes. Le sentiment de culpabilité des plus riches ne peut servir de base légale ? Des contributions volontaires ne suffiront jamais à compenser les déséquilibres. De plus, elles mettent les bénéficiaires à la merci d’un coup de mauvaise humeur de la part des donateurs. Il est du reste symptomatique que le montant versé par Zoug à Zurich soit dérisoire en comparaison du déséquilibre existant. On ne peut s’empêcher de subodorer un calcul : en montrant sa bonne volonté, à dose homéopathique et indolore, Zoug espère probablement retarder l’harmonisation fiscale et une réforme sérieuse de la péréquation. rn
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