Loin du cow-boy G. W. Bush et de son ennemi juré, Ben le fanatique, loin des yo-yos boursiers que Wall Street impose au monde entier, loin, loin derrière, on peut trouver l’Amérique, la vraie. Dans le dernier livre de Paul Auster, livre qu’il n’a d’ailleurs pas écrit. Une station de radio lui a proposé d’amener chaque mois un petit texte qu’il lirait aux auditeurs. Coincé par cette exigence trop contraignante, après avoir discuté autour de lui, il a renvoyé la balle aux auditeurs en leur demandant de lui envoyer des textes que lui lirait. La consigne était simple, faire court et raconter un événement vécu ou la réalité dépasse la fiction. Le succès a été incroyable. Plus de 4000 textes en un an, de tous les coins des Etats-Unis, de toutes les couches sociales, de tous les âges, que Paul Auster a reçus, et dont il a lu une sélection. Il a senti alors la nécessité d’en faire un livre, avec un choix bien sûr subjectif de 172 histoires qui l’avaient touché. Le résultat est extraordinaire. Drôles, tristes, cocasses, prémonitoires ou ironiques, elles sont réunies en dix thèmes : amour, guerre, animaux, rêve, etc. A chaque page, on entre dans l’univers de quelqu’un d’autre, on passe du rire aux larmes et même si parfois cela semble incroyable, la force de ce livre réside dans sa vérité universelle. « Intrigues invraisemblables, tournures improbables, événements qui refusent d’obéir aux lois du bon sens : nos vies ressemblent au matériau des romans du 18e siècle. [ ?] S’il me fallait définir ces récits, je dirais que ce sont des dépêches, des rapports envoyés du front de l’expérience personnelle. » En cette période chaotique, où l’on peine à croire en l’homme, ce livre émouvant et tonique est une lueur d’espoir. ac
Paul Auster, Je pensais que mon père était Dieu, Actes Sud 2001.
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