La Commission fédérale contre le racisme (CFR) est-elle utile ? On répond non si l’on souhaite des actions immédiates accompagnées d’un grand battage médiatique. Mais on dirait probablement oui s’il s’agissait de montrer la volonté fédérale, même avec une faible visibilité et peu de moyens. La lutte contre le racisme doit toujours slalomer entre la dénonciation vertueuse et l’instauration du délit d’opinion, même si c’est pour la bonne cause. Dans ses dernières recommandations, la CFR n’évite pas entièrement ces écueils.
On peut aisément souscrire à la recherche d’une meilleure utilisation de la norme pénale antiraciste. Mais la CFR propose aussi d’interdire « les symboles et les signes racistes d’extrême droite ». Aucun d’entre nous n’éprouve du plaisir à voir des croix celtiques ou gammées ; mais leur interdiction rendrait leur usage d’autant plus attrayant pour des jeunes en veine de provocation.
De même la CFR demande la répression sévère des actes ou des propos relevant du racisme et de l’extrémisme de droite. Pour les actes, bien sûr, le problème ne se pose pas. Pour les paroles, c’est plus délicat. Nous sommes extrêmement sensibles à l’antisémitisme, un peu moins pour les propos attaquant les Noirs ou les Musulmans et pas du tout face aux lieux communs parfois purement racistes appliqués aux autres pays de la planète, voire, ça arrive, à nos compatriotes d’Outre-Sarine.
La CFR recommande des mesures concrètes, comme des antennes faciles d’accès pour les victimes, un service d’appel avec un numéro unique pour toute la Suisse ou des organes de médiation lors de conflits entre population et administration. Cette commission fait un travail utile et pourtant on ne peut se défaire de l’impression d’un organisme qui tourne un peu en rond, sans prise réelle sur la réalité. Ce sentiment tient vraisemblablement à la faible visibilité de cette Commission fédérale dans les médias, en tout cas en Suisse romande. Sans porte-parole charismatique, cette présence est sans doute le plus gros handicap de la CFR aujourd’hui. jg
Tangram, bulletin de la CFR, mars 2001, 3003 Berne.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!