Le débat qui vient de s’ouvrir en Suisse à l’initiative des milieux économiques (cf. DP n° 1588) est plus avancé en Grande-Bretagne où le parlement a voté la semaine dernière; les modalités sont aussi différentes car la proposition émane du gouvernement travailliste lui-même… qui s’inspire d’une politique mise en place par la gauche australienne.
Face au coût croissant de la formation supérieure, que faut-il faire? plafonner voire réduire le nombre d’étudiants (c’était la position de la droite britannique), augmenter encore le financement à la charge de la collectivité ou demander un effort financier aux bénéficiaires? C’est cette dernière solution qui a été retenue par le gouvernement de Tony Blair. La formation supérieure a, d’abord et avant tout, une traduction sonnante et trébuchante dans le revenu supérieur qu’elle procure la vie durant, ce qui justifie une participation financière, alors qu’il serait choquant d’accroître pour cela la charge fiscale de ceux qui n’en ont pas bénéficié et dont les revenus sont inférieurs.
Payer les taxes après les études
Le dispositif mis en place en Grande-Bretagne n’a cependant rien à voir avec une commercialisation de l’accès aux universités. C’est en réalité une taxe à crédit, sans intérêt de surcroît. Elle n’est pas payée par les étudiants, qui bénéficient au contraire de l’abolition des montants correspondant aux taxes semestrielles en Suisse. Elle sera prélevée, par un modeste supplément sur le bordereau d’impôt, seulement si et lorsque les diplômés jouissent d’un revenu le leur permettant; et en tout état de cause le remboursement cesse au plus tard après 25 ans. En outre, des mesures complémentaires sont mises en place pour favoriser les conditions d’études de bacheliers provenant de milieux défavorisés.
En Grande-Bretagne comme en Suisse, la proposition a suscité des réactions émotionnelles où les étudiants sont pris pour des bébés phoques. Et c’est peut-être l’arrogance d’une étudiante en médecine estimant que tout lui était dû, lors d’une confrontation télévisée avec Tony Blair, qui a le mieux ramené le débat à sa nature réelle: un enjeu pratique et financier avant tout. Une formation post-CFC dans l’industrie, elle, continue de coûter à ceux qui l’entreprennent des milliers de francs à payer d’avance (cf. DP n° 1464), et des efforts sans commune mesure avec la vie universitaire.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!