La course à la banque de données sur la clientèle.
Enfant, nous revenions du magasin avec des timbres à coller sur un carnet. En échange du carnet rempli, nous avions droit à cinq ou dix francs. Système primitif de fidélisation de la clientèle. Et il y avait les magasins qui doublaient les timbres pour leurs meilleurs clients. Ou ceux qui en donnaient de deux sortes différentes. Et puis, modernisme suprême, la Coop où les timbres sortaient automatiquement d’un appareil en fonction du montant des achats.
Les timbres ont disparu avec les épiceries. Quant aux Coop, voilà belle lurette qu’elles ont abandonné ce système trop écureuil pour une clientèle qui vit à crédit.
Jusqu’au jour où la Migros a réinventé le système. La carte M Cumulus permet une épargne électronique sans timbres à coller. Et, au passage, une bonne connaissance des habitudes de consommation de la clientèle. Grâce à la carte et aux code-barres, la Migros sait qui consomme quoi à quel moment de l’année et du mois.
La Coop était restée en retrait :
Cooprofit, c’était uniquement une possibilité de profiter d’« actions » : du fromage à raclette à moitié prix ou un set de casseroles avec 20 % de rabais ? en échange tout de même d’une adresse. Un fichier contre des rabais.
Système trop simple : voici la Supercard, qui permet de gagner des superpoints, après consultation du superbox, et de gagner des supercadeaux à choisir dans le supercatalogue. Sur une page A4 recto-verso, vingt-quatre fois le mot super, avec un record de quatre citations dans un paragraphe de trois lignes.
Comme M Cumulus, Supercard permettra de constituer une véritable banque de données sur la clientèle et de cibler la publicité ? Encore merci Coop.
Pas d’objection de principe à ce genre d’opération. Mais pourquoi ne pas les mener dans la transparence ? On cite la Loi sur la protection des données, mais on ne nous dit pas à quoi la Coop utilisera sa mine de renseignements ? Plutôt que de prendre ses superclients pour des superimbéciles, Coop et Migros devraient jouer franc-jeu : que ces entreprises disent à leurs clients pourquoi elles lancent de telles cartes, sans les noyer dans les superlatifs. Et qu’elles leur demandent s’ils souhaitent recevoir de la publicité à domicile avant de leur concocter des envois « personnalisés ». pi
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!