Le recours contre le centre commercial de La Praille pose la question des modalités de la démocratie associative.Sur le fond, le recours décidé par la section genevoise de l’Association Transports et Environnement (le TCS vert) est amplement justifié (lire sur le sujet DP 1394) : il sanctionne le travail bâclé de l’Etat qui adopte un plan localisé de quartier comprenant un centre commercial destiné essentiellement à une clientèle automobiliste, contraire aux principes généraux de sa propre politique (aménagement du territoire, pollution, transports), et non conforme aux exigences légales d’étude de l’impact sur l’environnement. Pourquoi ? Parce que le financement du nouveau stade de la Praille en dépend.
Nous sommes face à un syndrome de
Stockholm : otages des promoteurs, les partisans du stade se font les supporters actifs d’un projet qui n’aurait aucune chance de réalisation pour lui-même.
Comment consulter ?
Sur la forme, le comité de l’ATE a souhaité ne pas prendre seul une telle décision, comme il en avait la compétence, mais consulter la base : convoqués en assemblée générale, les 5000 membres genevois ont donc pris démocratiquement leur décision Ð par vingt-neuf voix contre vingt-six et cinq abstentions dans un sous-sol de la Vieille-Ville.
Ceux qui s’en indignent n’auraient certainement rien trouvé à redire au résultat inverse ! Mais l’inadéquation manifeste de modalités associatives du XVIIIe siècle pose des interrogations légitimes ( nous avons évoqué ce problème dans DP 1088 et 1353) : il y a aujourd’hui bien d’autres possibilités, plus gratifiantes, d’utiliser sa soirée ; et il existe simultanément des moyens de renouveler et diversifier les modes d’expression, de consultation et de décision : on pense au vote par correspondance (précédé d’une assemblée de discussion, mais sans pouvoir décisionnaire Ð la qualité du débat y gagnerait) et à l’utilisation de l’Internet (mise à disposition d’informations, possibilités d’échanges directs). La vitalité et la crédibilité du mouvement associatif exigent une telle évolution pour rendre aux membres leur qualité de citoyennes et de citoyens actifs dans la cité, et non de simples consommatrices et consommateurs de prestations. fb
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