Ë plus de 70 %, ç’aurait été le symbole d’un changement d’époque. Mais avec moins de 60 % de oui, l’acceptation de l’initiative fiscale libérale paraît davantage être le produit, des blocages qui empoisonnent la vie politique genevoise.
Le 20 décembre dernier, 78 % des électeurs rejetaient le paquet financier issu de la table ronde. Il était pourtant soutenu par les cinq partis représentés au gouvernement. Difficulté à se situer lorsqu’une union sacrée si contraire aux habitudes locales vient, sans grande crédibilité, retirer tous les repères traditionnels.
La votation du 26 septembre offrait, elle, deux affrontements classiques, l’un sur la fiscalité, l’autre sur le logement : avantage à la droite pour le premier, avantage à la gauche pour le second. Une confirmation exemplaire de cette dure loi de la démocratie directe : les partis et leurs élus proposent, le peuple dispose.
Reste à savoir si la leçon sera assimilée par les socialistes et les Verts, qui commettent l’erreur de se croire partenaires d’une majorité « à la française » (mais il lui manquerait alors un Jospin) depuis qu’en octobre 1997 ils ont obtenu avec l’Alliance de gauche 51 sièges sur 100 au Grand Conseil. Tout à la joie d’avoir mis fin au gouvernement monocolore (qui, lui, n’osait même pas jouer de cette caractéristique), ils s’appliquent à rendre monocolore le Parlement. Le résultat de cette attitude: une absence de flexibilité selon les objets, une incapacité à rechercher des majorités d’idées à géométrie variable les plus larges possible, qui n’avantage que le parti le mieux profilé de chaque camp : le parti libéral (auxquels ont dû se rallier radicaux et démocrates-chrétiens au départ hostiles au simplisme de l’initiative fiscale) et l’Alliance de gauche (dont émanait le projet de loi revanchard sur le logement, complétant un dispositif de compromis entre les partenaires sociaux dans la législature précédente).
Un point partout, le match est nul. Cela serait risible si cela n’avait pas des conséquences très concrètes. Et l’on peut craindre que la gauche parlementaire cherche sa vengeance sur la future halle 6 de Palexpo, au détriment de l’exposition quadriennale Telecom et donc de l’emploi dans ce secteur économique crucial pour l’avenir. fb
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