Les patrons ont-ils peur de la vérité ? Eux qui abordent tant de questions par leur seul aspect financier, eux qui ont refusé d’entrer en matière sur une augmentation du montant des allocations familiales dans le canton de Vaud à cause du coût de l’opération, les voilà qui s’offusquent que l’on cherche à chiffrer le coût d’un enfant pour ses parents.
Dans leur service de presse, les patrons vaudois tirent à boulets rouges sur l’étude commandée par l’Office fédéral des assurances sociales Les Enfants, le temps et l’argent. Messieurs les patrons, il faut choisir votre camp : si la sacro-sainte transparence et si la vérité des coûts ne font plus partie de vos dix commandements, alors il est temps de dédramatiser votre discours sur les déficits publics et sur le niveau de vos actions qui serait inversement proportionnel aux licenciements que vous réalisez.
Mais si, par contre, vous continuez de contester la nouvelle taxe poids lourds sous prétexte que vos camions couvriraient déjà leurs coûts Ð études financées par vous à l’appui Ð alors admettez que l’on investigue aussi pour savoir ce que les parents dépensent Ð ou ne gagnent pas Ð parce qu’ils ont des enfants.
Et c’est un autre débat, ensuite, de savoir s’il faut ou non compenser ces coûts, jusqu’à quelle hauteur et par quel moyen. Et une étude économique n’ôte rien, bien entendu, au fait que personne ne songe au moment de la conception, du moins pour les premiers enfants, aux coûts qu’ils engendreront durant les vingt-cinq années qui suivront.
Les milieux économiques genevois vont encore plus loin dans la mauvaise foi. La Société économique pour le développement de l’économie suisse ( SDES ) reproche aux auteurs de l’étude, qui chiffrent à 47 milliards de francs les charges annuelles afférentes aux enfants pour les parents, de ne chiffrer les compensations qu’à hauteur de 7,3 milliards de francs. Selon la SDES, il faudrait ajouter à ce chiffre les coûts de l’enseignement, de la formation et des infrastructures dont bénéficient les enfants. Drôle de manière de concevoir un bilan. Il faut en effet être bien mauvais comptable pour considérer que les dépenses de l’État pour l’enseignement compensent celles des parents pour les Pampers. pi
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