Adecco, numéro deux mondial du travail temporaire, est une entreprise dématérialisée. Le siège social est à Chéserex, petit village vaudois qui abrite la résidence d’Henri Lavanchy, fondateur d’Adia Interim en 1957. Pendant longtemps l’entreprise a été dirigée depuis deux étages de bureaux sans grâce au-dessus du Pont Chauderon à Lausanne. Aujourd’hui on ne sait pas trop d’où la société est dirigée : la Suisse, la Californie, principal centre d’opération, la France, patrie d’Ecco qui fusionna avec Adia, l’Allemagne peut-être d’où vient Klaus Jacobs, actionnaire principal. Les assemblées générales en tout cas se déroulent habituellement à Lausanne.
En janvier l’action chute de moitié, l’entreprise annonce qu’elle est incapable de présenter les comptes de sa filiale américaine. Maintenant les comptes sont enfin publiés et n’ont rien de dramatique. Le cours de l’action a regagné la moitié du terrain perdu et l’entreprise a dépensé cent millions d’euros en frais d’audit – une somme proprement hallucinante – simplement pour mettre en ordre sa comptabilité américaine.
Le marché des managers
Sergio Marchionne est un mercenaire de haut vol, un manager canadien d’origine italienne, adulé et controversé dans le monde de l’entreprise. Il était patron de la SGS à Genève, la plus grande société mondiale de certification. Comme un joueur de football qui passe de Manchester United au Real Madrid, il vient d’être transféré chez FIAT. Sa tâche sera d’y poursuivre le redressement de l’entreprise sous l’œil de ses employeurs, la famille Agnelli. Du coup le titre de la SGS a perdu plus de 7 % à la bourse et celui de FIAT est monté de 4 à 5 %.
Quelle leçon tirer de ces événements récents ? Les soubresauts de la bourse sont devenus – sur le court terme – extrêmement violents, et parfois totalement déconnectés de toute appréciation objective.
Or, ces mouvements nous concernent tous à travers nos caisses de pension et leur politique d’investissement souvent opaque. Il ne s’agit pas de se substituer aux professionnels de la gestion de portefeuille, mais c’est un domaine où la gauche peine à développer sa propre expertise, sans doute par réticence face à un univers qui semble la quintessence du capitalisme financier. C’est le monde tel qu’il est et tel que nous devons le connaître mieux. Les organisations de salariés ont sans doute un rôle capital à jouer. A quand une société de conseil en gestion financière des institutions détenue par les syndicats ?
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!