Le Bureau fédéral de l’égalité sait-il faire passer son message en Suisse romande ? On peut en douter sérieusement. L’ONU possède un comité pour l’élimination de la discrimination et a examiné un rapport présenté par la Suisse. C’est donc dans ce document, quelque peu austère, que nous avons appris qu’une campagne baptisée «fair-play-at-home» a été lancée voici une année dans notre pays pour promouvoir une répartition équitable des tâches ménagères. Il existe également un pendant, «fair-play-at-work» pour une politique du personnel favorable à la famille dans les entreprises.
Les sites Internet correspondant sont d’une qualité remarquable et les informations transmises extrêmement intéressantes. Dans le site consacré à la maison, un questionnaire fort bien conçu permet à chaque partenaire d’un couple de faire le bilan des heures consacrées aux tâches ménagères et d’élaborer un plan pour le futur.
Un entretien avec Norbert Thom, professeur de gestion d’entreprise à l’Université de Berne est au cœur des pages consacrées au travail. A ses yeux, le work-life-balance prend de plus en plus d’importance et la flexibilisation du temps de travail est l’outil qui permet le mieux de concilier vie privée et activité professionnelle. Une constatation intéressante : le travail à temps partiel est en fait très répandu ? à la tête des sociétés. Un homme qui est à la fois chef d’entreprise, conseiller national et colonel dans l’armée exerce en réalité trois charges à temps partiel, mais naturellement il n’utilisera pas ce mot pour définir ses activités.
Il n’est pas besoin d’aller plus loin pour expliquer l’écho limité en Suisse romande des excellentes initiatives du Bureau fédéral de l’égalité. Les agences Contexta de Berne et Pink Zebra de Bâle ont fait un excellent travail ? dans le contexte culturel alémanique où l’usage de l’anglais est hélas beaucoup plus commun que de ce côté-ci de la Sarine. Baptiser ces opérations «fair-play-at-home» ou «at-work» est tout à fait rébarbatif. Le mot «partage» en français aurait été parfaitement adapté. Avouons notre ignorance de ce que peut être le work-life-balance, l’équilibre des tâches, probablement, et ajoutons que faire le panégyrique de la flexibilité en parlant sans cesse de job sharing est le meilleur moyen de faire fuir, à tort d’ailleurs, les Romands. Dommage, car ce travail du Bureau fédéral de l’égalité mérite vraiment d’être connu. Espérons une approche plus fine des sensibilités romandes lors de la prochaine opération.
www.fairplay-at-work.ch
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