Depuis quelques années la bêtise a plutôt reculé dans les messages publicitaires. Les mauvaises traductions de l’allemand sont en baisse. Mais une rechute vient de se produire avec l’hallucinante publicité d’American Express vu dans la revue Fémina.
En gros plan, la photo d’une femme en buste, de face, genre bourgeoise enbijoutée, avec un air totalement niais et buté. Le texte d’accompagnement mérite d’être cité in extenso.
Le shopping pourra-t-il un jour assouvir mon trop-plein d’émotions ?
Donc ça démarre bien, on nous présente une personne perturbée qui calme ses angoisses à travers la fièvre acheteuse. Mais attendez la suite.
Mon mari prétend que non. Et bien sûr il a entièrement raison.
Ainsi cette femme dépend de l’opinion de son mari, elle lui donne raison et ne pense pas par elle-même.
Seule une relation intense, basée sur une compréhension réciproque, peut y parvenir.
La raison de la présence de cette phrase dans une publicité American Express nous échappe totalement. Elle provient sans doute d’un couper/coller fait par inadvertance à partir d’un magazine de psychologie bas de gamme. Mais ce qui suit n’est pas mal non plus.
Mais, comment dire : mon mari a aussi ses limites. Ce qui n’est pas le cas de ma carte American Express
Le mari est-il impuissant, négligent, autiste, pas assez riche, au chômage? on ne le saura pas, mais il y a un problème, c’est clair. Heureusement et nous voilà soulagé, la carte American Express permet de régler les tensions dans le couple en dépensant l’argent du ménage, en accumulant un découvert maximal et en évitant à court terme les frais d’une visite chez le psychiatre. Ca n’est pas dit comme cela, mais bien sûr, on peut le supposer.
En bas de la page à droite, le logo d’American Express avec son slogan assez croquignolet lui aussi : Pas de limites des dépenses. What’s your reason ? La langue anglaise nous manquait déjà, mais il n’y avait peut-être plus de budget pour la traduction.
La réponse à ce slogan est évidente. Nous n’avons bien sûr aucune raison de limiter nos dépenses, comme d’ailleurs l’ensemble de la population et des lecteurs de Fémina, journal fourni gratuitement avec Le Matin Dimanche dont le lectorat populaire ne peut que se reconnaître dans une telle publicité. Nous savions que le monde de la publicité prend souvent les consommateurs pour des idiots, maintenant nous savons qu’en plus il les méprise.
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