Le canton de Vaud a une nouvelle Constitution. La lecture géographique du vote montre
l’absence des clivages traditionnels.
Dans le vote sur la Constitution vaudoise, la géographie du non explique en partie les raisons du oui. On attendait une opposition entre les rives lémaniques et ce que l’on désigne, de manière dépréciative, comme l’arrière-pays.
En fait trois des districts opposants sont situés dans la grande périphérie lausannoise: Aubonne, Lavaux et Moudon. Ils sont les déversoirs des surplus de population de la capitale et en retour, cette proximité, et les facilités de communication favorisent les démantèlements d’équipements lourds, ainsi l’hôpital à Moudon ou le service de chirurgie de celui de Lavaux. Perte d’identité par l’afflux d’une population nouvelle, dilution dans le grand Lausanne et l’impression que la nouvelle constitution va accentuer ce phénomène.
Les trois autres districts du non, La Vallée, le Pays-d’en-Haut et Aigle sont en partie ou en totalité montagnards. Les communes d’altitude ont dit non, parfois massivement. Leysin fait exception, mais son sort est entièrement suspendu à celui de l’État et de la BCV qui font survivre la station au prix d’un gouffre financier. Le risque n’est pas celui de la perte d’identité, mais celui de l’éloignement et de la marginalisation au profit de la région lausannoise
Identité et changement
D’autres lectures peuvent être faites. Les communes viticoles de Lavaux et d’Aigle ont aussi dit non. Pendant longtemps, les vignerons ont constitué une sorte d’aristocratie vaudoise, très protégée et disposant d’une grande influence. Aujourd’hui, la concurrence étrangère pousse les prix vers le bas, l’administration subventionne le remplacement du Chasselas et il y a belle lurette qu’aucun politicien d’envergure n’est sorti de leurs rangs. La situation d’une profession en repli ne pousse pas aux audaces constitutionnelles.
Ce sont les régions sûres de leur position et de leur identité, quelle que soit la conjoncture du moment, qui ont voté pour le oui et leur situation sur les rives du Léman ou dans l’arrière-pays n’y a rien changé. Pour accepter le changement, il faut savoir qui l’on est. jg
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