En dessus de Bex, la propriété de Szilassy est un des sites les plus romanesque du canton de Vaud. Légué à l’Etat en 1949 par le dernier descendant de cette lignée hongroise, l’acte de donation stipule que le survivant des usufruitiers devra détruire tout ce qui se rapporte à cette famille, si bien que l’on ne sait à peu près rien d’eux. Il ne reste que quelques tombes, au bout de la propriété, dont celle de Lady Hope, qui acquit cette campagne en 1837. Elle était la sœur du neuvième duc de Nottingham, mais oui, à côté de la forêt de Sherwood ?
Aujourd’hui le domaine accueille la triennale de sculpture Bex & Arts sous le thème des «Noces», ce qui est d’ailleurs sans importance, le rapport entre les œuvres présentées et le thème de l’année étant pour le moins ténu. On ne dira jamais assez que la sculpture, ou disons la représentation en trois dimensions, est d’abord un art de l’extérieur, magnifiée par les lieux, la lumière, les paysages, ici les Préalpes et la vallée du Rhône en contrebas.
Dans les travaux exposés, la présence du métal rouillé est toujours aussi importante et sur ce thème des noces, les lointains descendants de Marcel Duchamp et de sa Mariée mise à nu sont à l’évidence fort nombreux. Certains artistes, parmi les plus connus, se sont voulus ironiques et distancés. Le parasol que Jean Scheurer a planté sur une petite esplanade ou les traces de pinceau de Niele Toroni sur une roulotte de chantier (accompagné de la musique de Pierre Mariétan) nous semblent relever d’une provocation quelque peu désuète.
On peut leur préférer le magnifique Dies Irae d’Olivier Estoppey avec ses trois tambours de l’Apocalypse chassant un troupeau d’oies ou encore, à proximité, l’impressionnant car fort discret, Charnier des clones de Daniel Spoerri, qui nous envoie brutalement dans une actualité et une histoire fort sombre. Certaines interventions à peine perceptibles nous ont fait rêver comme l’étrange ellipse en matière translucide de Chantal Carrel, un artefact mystérieusement tombé du ciel ou encore le disque en métal d’Anouk Llippits, posé par terre et qui bouge en grinçant sous l’effet de la chaleur.
Quels que soient vos goûts et votre opinion, courez à Bex, la ballade est magnifique par grand soleil dans cette propriété à demi sauvage. Nous souhaiterions simplement qu’elle soit utilisée plus souvent pour des manifestations. Un intervalle de trois ans, c’est long ! jg
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