La Suisse, nation ouverte ? La démonstration une fois de plus en cette fin de semaine. Samedi au théâtre de Vidy, un metteur en scène d’origine colombienne, établi à Genève, Omar Porras, met en scène sa version des Bacchantes d’Euripide : une troupe suisse qui tourne avec succès à l’étranger et dont les comédiens s’appellent Crespillo, Turschwell, Sozanski ou Ouldhaddi. Nous nous souvenons avoir entendu Omar Porras s’étonner avec ironie d’avoir représenté la Suisse dans des colloques culturels à l’étranger et en profiter pour remercier son pays d’accueil.
Le lendemain, visite de la rétrospective Rothko à la fondation Beyeler. Sur l’autoroute, dans la pluie et le brouillard, peu de véhicules suisses : des Belges et des Hollandais chargés jusqu’au toit rentrent chez eux après leur semaine de ski. A Riehen, une foule énorme et cosmopolite se presse devant les toiles du peintre américain, ses nappes de couleur dansantes. A
14 heures, la queue à l’entrée fait bien 50 mètres.
Bien sûr, ce n’est que justice, Marcus Rothkowitz est un des grands artistes du siècle passé. Avec Malevitch et Mondrian, rejoint plus tard par Soulages, il est parvenu à éliminer radicalement tout sujet et toute anecdote de la toile, mais à Paris, il y a deux ans, une autre rétrospective n’attirait pas la grande foule ; manque de curiosité des grandes capitales repliées sur elles-mêmes. Et à Riehen, la documentation gratuite est disponible en quatre langues, vieille tradition bâloise bien sûr, mais impensable dans les pays voisins.
Au retour, des Allemands et toujours des Néerlandais dévalent vers nos stations. La Suisse, pays traversé en tous sens par nos voisins, mais aussi cosmopolite et voyageur. Nos concitoyens sont de loin les champions du voyage à l’étranger, toutes les statistiques l’affirment. Et puis, au soir du dimanche 4 mars, nous avons vu un sitcom à la télévision avec des journalistes à l’air abattu, des jeunes catastrophés, des politiques la mine allongée. Mais il s’agissait d’une autre réalité. jg
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