L’actualité n’est pas brillante. Loin de là. Des Kurdes torturés dans les prisons de Diyarbakir, des Palestiniens qui ne peuvent plus marcher à leur sortie des geôles israéliennes, des enfants mutilés en Sierra Leone, des femmes violées en Bosnie-Herzégovine, des disparitions qui datent d’il y a vingt ans, en Argentine. On dit « la torture, c’est affreux », comme on dirait « ces embouteillages, quelle calamité » et puis on passe à autre chose. De plus, la presse, la télévision, la radio sont elliptiques sur la torture, ne pas trop en parler, ne rien montrer, faire vomir le téléspectateur à l’heure du repas est mauvais pour l’audimat, considèrent les grands responsables des médias. Ces précautions se comprennent, elles sont parfois respectables. La torture peut aussi susciter une fascination malsaine.
La litote, l’ellipse ne figurent pas comme méthode de travail chez Amnesty international. Leur ouvrage sur la torture, noms en toutes lettres, des descriptions froides et précises, est un terrible voyage qui malmène notre regard au monde, griffe notre quotidien, nous fait entrevoir des gouffres ; et puis vite détournons la tête, ce n’est pas nous, n’est-ce pas, versons notre obole et reprenons notre vie tranquille. Pourtant, lentement mais sûrement, l’information circule et l’impunité n’est plus assurée aux tortionnaires. Le combat obstiné d’Amnesty commence à porter ses fruits. Le livre s’appelle L’humanité en question. La torture c’est nous, aussi. jg
La torture ou l’humanité en question, Amnesty international, 2000.
En Suisse : Case postale, 3001 Berne.
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