Après Vive la politique, Jean-Claude Rennwald, conseiller national socialiste et syndicaliste à la FTMH, publie un nouvel ouvrage qui évoque les différences entre Romands et Alémaniques.
Les parlementaires qui écrivent ne sont pas si nombreux. Jean-Claude Rennwald en fait partie. Il publie des ouvrages qui sont de bons vade-mecum pour militants de gauche. Il en allait ainsi de Vive la politique publié en 1998. Il récidive aujourd’hui avec Quand la Suisse éclatera1. Le titre de l’ouvrage en signe l’ambition : recenser les palissades qui entourent le röstigraben. A vrai dire, il s’agit moins d’un livre que d’un court essai d’une cinquantaine de pages.
Clivages sociaux
L’auteur recense des faits bien connus, mais qu’il est toujours bon de rassembler et de mettre à disposition : les différences entre Romands et Alémaniques dans les votations fédérales sont passées en revue ainsi que la sous-représentation des francophones à Berne. Il analyse aussi le clivage qui existe dans la composition du parti socialiste et des syndicats. L’électorat de gauche reste davantage proche des milieux populaires chez les Romands alors qu’il est plus nettement formé des nouvelles couches urbaines outre-Sarine, ceux que Rennwald appelle les « sociaux-culturels » et les « technocrates ». La poussée de l’UDC que l’auteur considère, sans doute à tort, comme un phénomène alémanique est aussi mise en évidence. Rien de neuf dans ces considérations pour les lecteurs de Domaine Public, mais une bonne présentation de la situation.
Risque de communautarisme
Jean-Claude Rennwald émet un certain nombre de propositions. Il propose que les Latins disposent d’un droit de veto lors des votations fédérales portant sur les questions relatives à la culture, à la langue, à l’enseignement et à la formation. A part l’échec en 1994 de l’article constitutionnel sur l’encouragement à la culture, il ne nous semble pas que ces domaines sont ceux dans lesquels les oppositions sont les plus marquées entre les différentes régions du pays.
Ajoutons le droit pour les cantons latins d’adhérer à des organisations internationales même si la Confédération ne souhaite pas franchir le pas et la création d’un bonus à l’investissement qui pourrait être déclenché lorsque le différentiel de chômage entre les cantons latins et alémaniques dépasserait un seuil de 2 %.
Nous savons bien Ð et il le sait lui-même Ð que ces idées ont fort peu de chances de passer la rampe. Nous avons de la peine à y souscrire car elles portent en elles le germe du communautarisme, une Suisse dans laquelle les différences linguistiques seraient officialisées par des mécanismes institutionnels. Cette dérive nous semblerait très dangereuse pour l’unité du pays qui deviendrait une sorte de Belgique. Ajoutons notre perplexité face à ce concept très zurichois, repris par Rennwald, celui d’une Suisse « latine ». Nous avons beaucoup de sympathie pour nos amis tessinois, mais leur histoire, leur économie, leur situation géographique et même leurs comportements politiques ont peu de points communs avec les nôtres. Il faut vraiment voir les choses de très loin pour mettre tous les non-alémaniques dans le même sac. jg
1Jean-Claude Rennwald, Quand la Suisse éclatera, éditions CJE, Courrendlin, février 2000.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!