Les recommandations de Harvard aux leaders politiques : pragmatisme, agressivité et coopération. Les politologues anglais évoquent les exécutifs, mais où sont les législatifs ?
Le politique ne sait trop par quel bout prendre Internet. A l’occasion de l’élection présidentielle américaine, le groupe des affaires publiques de Harvard vient de publier une liste de « 8 impératifs » pour les leaders politiques face aux nouvelles technologies.
Se méfier des experts
Le premier conseil est l’expression d’un pragmatisme très anglo-saxon. Il recommande aux élus d’utiliser eux-mêmes Internet et ses possibilités. Comment conduire une politique orientée vers les réseaux si l’on ne s’en sert pas soi-même ? Ensuite le leader doit se concentrer sur la manière dont les nouvelles technologies peuvent transformer le travail et les stratégies du secteur public.
Il faut ensuite encourager avec « agressivité » l’innovation et ne pas se contenter d’une simple automatisation de ce qui existe déjà. Les expériences individuelles doivent être soutenues. Il convient de ne jamais laisser aux experts le soin de diriger les projets majeurs dans le domaine des nouvelles technologies. Les politiques doivent suivre de près les nouveaux développements et déléguer les responsabilités à des généralistes.
La sécurité et la protection de la sphère privée doivent faire l’objet d’une attention soutenue. C’est le domaine sensible qui peut susciter le plus aisément des « affaires » et des interventions de la presse. Curieusement les experts de Harvard citent en exemples, les pays européens dans lesquels les données personnelles semblent beaucoup mieux protégées qu’aux États-Unis.
Pas de formule magique, mais le dialogue
Les auteurs recommandent également une coopération générale entre tous les acteurs concernés par les nouvelles technologies : administrations de différents niveaux, mais aussi secteur privé. Ils signalent que le lancement d’un grand programme public obligeant les différents acteurs à nouer des alliances peut être une bonne formule. Enfin, même s’ils ne l’abordent que brièvement, les hommes de Harvard insistent sur la nécessité pour les exécutifs de s’interroger sur le devenir du service public dans un univers de réseaux, sur le problème de l’accès de tous aux prestations, et sur la régulation nécessaire. Ils ne proposent pas de formule magique, mais insistent sur la nécessité du dialogue avec les utilisateurs et leurs représentants (les « digital communities »)
Un grand absent dans la réflexion des politologues de Harvard : les législatifs. Visiblement, à leurs yeux, l’exécutif doit donner des impulsions et les acteurs du réseau doivent si possible s’autoréguler. Vision très américaine, mais aussi, si l’on n’y prend pas garde, très corporatiste. Sur Internet on est mieux entre soi. Une telle attitude peut aussi conduire à une société à deux vitesses, ceux qui en sont et ceux qui n’en sont pas. jg
Source : Eight imperatives for leaders in a networked world, The harvard policy group, John.F.Kennedy School of Government, www.ksg.harvard.edu/stratcom/
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