Cela s’appelle le Yield management, sans traduction française. Ou plutôt si, le mot anglais yield signifie à la fois rendement et reddition. On désigne ainsi les nouveaux systèmes de prix dans le domaine des transports.
Les tarifs ne sont plus fixes. Ils varient à chaque instant en fonction de l’offre et de la demande, avec toutefois une limite maximale. Les compagnies aériennes ont été les premières à adopter des prix variables sur la based’un constat simple : le coût d’un vol dépend peu du taux de remplissage. Il vaut donc mieux vendre à bas prix les sièges inoccupés plutôt que de voyager à vide.
Trois conditions doivent être remplies au préalable : disposer d’une comptabilité analytique très fine, se doter de règles permettant de calculer les prix en permanence et être relié à un réseau informatique afin de diffuser immédiatement l’information. Dans le transport aérien, le yield management semble tout bénéfice pour les consommateurs. Il a permis le développement des offres de dernière minutes et de leurs prix parfois incroyablement bas.
L’adaptation tant bien que mal de ce système au service public est une tout autre paire de manches. Il a été adopté sur les lignes de TGV entre la Suisse et Paris, gérées à travers une société de droit français, détenue à parts égales par les CFF et la SNCF. Son introduction au 1er décembre 1999 s’est aussitôt traduite par la suppression de trains non rentables, qui étaient pourtant « à l’horaire». Le tarif baptisé « prix du marché» comprend trente prix différents par ville de départ sur le site internet des CFF, sans même tenir compte de toutes les possibilités offertes par les divers abonnements…
La hausse des tarifs postaux, annoncée par La Poste pour le 1er juillet, ne relève pas du yield management à proprement parler, puisque les prix seront fixes. Mais la différenciation devient beaucoup plus fine avec des coûts très ajustés. Pour l’usager, la difficulté est accrue : difficile d’évaluer si une lettre a dépassé les cinquante grammes uniquement en la soupesant. La philosophie se rapproche du yield management. Il ne nous étonnerait pas que La Poste franchisse un jour le pas de tarifs variables pour certaines prestations.
Cette nouvelle forme de gestion présente l’avantage de fournir à l’usager des prix mieux ajustés et personne ne s’opposera à ce que La Poste ou les CFF recherchent une meilleure rentabilité, mais l’absence de transparence et l’illisibilité des prix constituent une contrepartie très négative pour l’usager. Le yield va certainement s’étendre. Il ne faudrait pas qu’il signifie rendement pour l’entreprise et reddition pour le public. jg
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