Rien de tel que la presse américaine pour présenter des points de vue brutaux et parfois originaux sur les problèmes européens. Dans sa dernière livraison, Fortune se mêle du financement de la retraite sur le vieux continent. Premier point de la démonstration : tous les pays d’Europe ont des difficultés dans le financement des retraites et, en 2020, la moitié de l’électorat de l’Union aura plus de 50 ans, ce qui ne facilite pas la prise de décisions.
Selon le magazine américain, l’Europe connaît une nouvelle coupure, non plus entre riches et pauvres mais entre jeunes et vieux. Second point de la démonstration : les actifs ne veulent plus payer des taxes et impôts élevés pour payer les généreuses retraites de leurs parents, ce qui ouvre des perspectives pour faire des affaires (opportunities for business dans le texte). Le problème européen est redoutable, car les retraites publiques sont généreuses (lavish), l’âge de la retraite chute en même temps que l’espérance de vie augmente. Seuls les Anglais, les Néerlandais et les Suisses ont un système dans lequel le secteur privé joue un rôle, allusion à notre second pilier bien sûr. Sans réforme, le déficit des systèmes de retraite atteindra entre 300 et 300 % du PNB vers 2050 en Allemagne, en France et en Italie.
La solution enfin : les fonds de pensions vont se substituer aux États pour offrir des programmes de retraites. D’ailleurs, en Europe, les entreprises ont besoin d’être plus flexibles et créatives. L’expérience des travailleurs âgés pourra être valorisée si on leur offre des emplois à temps partiel au-delà de l’âge officiel de la retraite, ce qui diminuera le poids des pensions à payer.
Pour Fortune, les jeunes Européens regardent vers le monde de l’entreprise et plus du tout vers les gouvernements. Alors, analyse à la tronçonneuse ? Sûrement. Mais Fortune est dans une logique libérale jusqu’au-boutiste : les gouvernements ne peuvent plus payer les retraites, donc un marché s’ouvre pour les sociétés financières. Si les vieux d’un côté, les fonds de pensions de l’autre trouvent un intérêt mutuel et si les employeurs savent être innovateurs, tout ira pour le mieux et les gouvernements resteront à l’écart. Une douche froide est parfois roborative. jg
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