La nomination de Carla del Ponte au poste de procureur du Tribunal pénal international montre une Suisse impliquée dans les organisations internationales, avant même d’en faire partie.
La nomination de Carla del Ponte au poste de procureur du Tribunal pénal international a suscité dans le pays un sentiment de fierté tant bien que mal dissimulé derrière une certaine désinvolture. Mais, on peut se demander si cette nomination ne va pas renforcer le clan des isolationnistes.
Suisses au sommet
Après tout, il ne manque pas de Suisses dans les organisations internationales. Plusieurs d’entre eux dirigent des fédérations sportives internationales : René Fasel pour le hockey sur glace, et bien sûr Sepp Blatter à la tête du football mondial. Avec Carla del Ponte, le palmarès suisse est enviable. Songeons aux cris et grincements de dents qui ont accompagné la nomination du néerlandais Wim Duisenberg à la direction de la banque centrale européenne ou aux psychodrames liés aux nominations à la tête de l’OMC.
La plupart des pays développés n’ont aucun des leurs au sommet des organisations internationales. C’est après tout normal. Les places ne sont pas si nombreuses que cela et les Suisses, c’est bien connu, sont en général un peu plus polyglottes que les autres.
En fait, nous restons utiles dans un contexte d’affrontement entre blocs : équilibres à maintenir entre continents ou groupes d’intérêts dans le cas du sport, contexte d’affrontement entre l’Otan, la Russie et la Chine pour Carla del Ponte. Il serait facile d’en déduire que la Suisse ne souffre pas de son isolement et que tout va pour le mieux.
Or, c’est le contraire qui est vrai. Les Blatter et del Ponte se sont fait connaître parce que leur action débordait les frontières du pays. Le Haut-Valaisan et la Tessinoise ont en commun le goût des coups médiatiques, des effets d’annonce pas toujours maîtrisés, il faut bien le dire, la capacité de trouver des alliés un peu partout à travers le monde et un certain dédain des contingences locales. Ils n’ont pas été choisis parce qu’ils sont les vertueux et immaculés représentants de la Suisse éternelle, mais parce qu’ils représentent un univers cosmopolite, ouvert aux vents du large. Il faudra s’en souvenir lors de la campagne de cet automne. jg
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