Un match renvoyé, des spectateurs au charbon : drôle de week-end sportif.
Les lecteurs des pages sportives des journaux n’ont sans doute pas manqué de faire un rapprochement entre deux événements totalement saugrenus et terriblement helvétiques qui se sont déroulés le dimanche 29 novembre.
à Yverdon, un match de football de ligue B oppose le club local à Locarno. Cette dernière partie avant la pause d’hiver est importante. Si les gens du Nord vaudois l’emportent, ils pourront, au printemps, disputer le tour final pour la promotion en ligue A. Le terrain, enneigé, est impraticable et les services locaux de la voirie sont, semble-t-il, tous en congé ce dimanche 29 novembre. Ce seront donc les quelque mille cinq cents spectateurs qui déblaieront le terrain en volontaires, et à la main, comme l’a montré la TSR, pour que le match commence, avec une heure de retard ?
Le même jour à Blonay, une rencontre de basket de ligue A doit opposer le club des hauts de Vevey à Boncourt. Le match n’a pu avoir lieu, en raison d’un parquet trop glissant, à la suite de la soirée de gymnastique de la veille ; le concierge, comme l’écrit pudiquement 24 Heures, « a tout tenté, peut-être un peu tard » pour remettre la salle en état. Manque de professionnalisme, stigmatisèrent les entraîneurs des deux clubs ?
Ces deux événements sont un parfait exemple du comportement helvétique dans ce qu’il peut avoir de plus traditionnel et aussi de plus agaçant. Imagine-t-on un autre pays où le déroulement d’un match de football est tributaire du travail bénévole de spectateurs ayant, par ailleurs, payé pour assister au dit spectacle? La Suisse reste un pays où le citoyen est prêt, en bon milicien, à suppléer les défaillances municipales sans barguigner et sans réclamer une ristourne sur ses impôts.
Mais nous sommes aussi ce pays un peu naïf où l’on compte sur un seul homme, un concierge probablement surchargé, pour assurer la mise en état d’une salle où doit se dérouler une rencontre sportive pour laquelle des supporters, certes pas très nombreux, mais tout de même, ont aussi versé leur écot. Difficile de démêler les causes de ce couac. Mais la croyance helvétique dans la possibilité de tout faire mieux que les autres avec un minimum de moyens reste très fortement ancrée. Mais parfois, semble-t-il, les limites sont atteintes ! jg
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