Ainsi Martina Hingis a perdu la semaine passée un match contre Steffi Graf. En fait la St-Galloise, comme dit la presse quand elle veut l’identifier à la Suisse profonde, n’a plus gagné un seul tournoi depuis le mois d’avril Ð et le plus intéressant, c’est que ça n’intéresse visiblement personne.
à la fin de l’hiver, un sondage alémanique sur les sportifs suisses les plus populaires a mis au premier rang Didier Cuche, jeune skieur neuchâtelois au faciès d’armailli bien nourri au lait entier et aux röstis, bilingue et enfant de la campagne. Heureusement que le ski revient tous les hivers, car lui aussi l’opinion était en train de l’oublier. Si notre mémoire est bonne, Martina Hingis était autour du 20e rang dans ce classement et Marc Rosset devait être le dernier des sportifs classés. Martina Hingis a toujours évolué dans un univers cosmopolite, loin, très loin de l’helvétitude de nos skieurs ou de la proximité de nos cyclistes.
La petite balle jaune
et le cheval
Et si, en ce moment, la carrière de Martina était un exemple de réussite ? Voilà une jeune femme qui n’a pas tout sacrifié au tennis, qui s’est affichée pendant quelques mois avec un jeune homme, avec qui elle a rompu depuis. La vie normale en somme. Mais justement une vie normale refusée aux sportives de haut niveau, généralement couvées jusqu’à un âge avancé par papa et maman qui ne veulent pas laisser échapper les œufs d’or. Les gazettes sont pleines de drames familiaux vécus par les championnes de tennis asphyxiées par leur entourage.
Ë l’évidence rien de tel pour Martina Hingis, qui a toujours dit à ses admirateurs que le tennis n’était pas tout dans sa vie et qu’elle préférait son cheval. Peut-être en a-t-elle assez de la petite balle jaune et va-t-elle faire autre chose ? Elle ne s’épuisera visiblement pas jusqu’à 30 ans, perclue dans ses articulations qui lâchent les unes après les autres.
Pourquoi parler de tout cela ? Le sport spectacle prend une place de plus en plus envahissante. On peut aimer ou détester, mais on ne peut être indifférent au sort de champions jetés trop jeunes, trop vite, dans une arène dont ils ne ressortent pas indemnes. Ë tout prendre, mieux vaut être une Hingis peut-être plus discrète, mais bien dans sa peau, qu’un Ronaldo épuisé et rendu dépressif par la multiplication des compétitions et la pression des médias. jg
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