La recherche et les produits liés à son développement sont facteurs premiers de l’évolution de nos sociétés. Les découvertes créent de nouveaux besoins, donc de nouveaux emplois pour les satisfaire. Il y a par exemple les comportements d’avant et d’après le téléphone portable. L’invention dévalorise aussi les produits périmés. Elle est donc indispensable au soutien de la consommation. La science modifie l’espérance de vie, donc la démographie. Ces quelques rappels pour souligner que la recherche fait partie de la compétitivité nationale. A ce titre, elle a une histoire contemporaine. La collection Le savoir suisse y consacre utilement une de ses publications.
Le développement de la recherche a été en Suisse extraordinaire, malgré les réticences, les restrictions budgétaires, le stop and go. Au début des années soixante, Domaine Public avait interviewé le professeur Robert Labhardt que le conseiller fédéral Hans Peter Tschudi avait chargé d’un rapport sur la situation universitaire en Suisse. Avec des moyens d’investigation modestes, en milicien, il avait dressé un constat accablant : effectifs universitaires insuffisants, nombre d’étudiantes nous classant dans les rangs des pays en développement. En quarante ans, l’emprise physique, sur le terrain des campus, des universités et de la recherche, permet de mesurer le champ d’expansion.
Cette évolution a connu des phases : importance donnée pendant longtemps à la recherche nucléaire et à la physique, rapport sciences humaines et sciences.
L’autonomie des universités et le pouvoir politique
Mais surtout le développement des structures institutionnelles s’est révélé d’une grande complication par l’effet du fédéralisme, de l’autonomie des universités, de la défense jalouse de la liberté académique par rapport au pouvoir politique. Création du Fonds national de la recherche scientifique, du Conseil suisse de la science et comme interlocuteur, création au niveau fédéral d’un secrétaire d’Etat : tous ont en commun la volonté de promouvoir le développement de la recherche, mais tous n’ont pas nécessairement en commun le partage de leur pouvoir, ni pour eux, ni pour leur garde rapprochée, leurs think tanks, leur brain trust, leur GRIPS (Groupe informel de problèmes stratégiques, rattaché au Fonds national). Le mérite de ce dixième numéro de Savoir suisse est de nous donner une description historique complète de ces centres de pouvoir et de leur évolution. Bibliographie, chronologie et décryptage des acronymes sont particulièrement utiles.
Martin Benninghoff et Jean-Philippe Leresche, La recherche affaire d’Etat. Enjeux et luttes d’une politique fédérale
des sciences. PPUR,
coll. Le savoir suisse.
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