On les a décrits comme des épouvantails. Mais avec leurs masques, émaciés, ils sont plus humains qu’effraie-moineaux. Des géants par leur stature, venus, drapés de noir, quelquefois en gris, les bras en croix, d’un pays triste. Ils avancent par groupes : une avant-garde et le gros des troupes. Envahisseurs ou errants.
A Cernier, devant les bâtiments cossus de l’Ecole d’agriculture, les géants de Martial Leiter passent bien l’hiver. La neige, fond blanc, convient à leur tenue endeuillée. Ils hantent.
On peut imaginer plusieurs formes de sculptures dans un paysage, autres que le monument statique et décoratif. On peut habiller, comme Christo, des constructions si familières qu’on ne les voit plus dans leur originalité, on peut, comme Tinguely, créer une œuvre dans un désert américain puis la détruire immédiatement (mais en filmant l’action). Martial Leiter a créé une nouvelle typologie de la création éphémère. Il ne bouleverse pas le paysage du Val-de-Ruz. Il le dérange sans provocation. Il «l’insolite» sans le bouleverser. Il lui donne un sens supplémentaire, durable pour ceux qui auront «passé par là». Cette belle création est à voir jusqu’en mars. Les géants émigreront à la fin de l’hiver. ag
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