Dans une interview accordée au Figaro (6 janvier 2005), Christoph Blocher explique en quelques lignes les causes de la prospérité économique suisse. Pays pauvre, sans ressources naturelles, nous avons réussi à devenir un des pays les plus riches du monde grâce à un système qui restreint l’interventionnisme de l’Etat. Interprétation inexacte, car si l’Etat s’est montré faible, sauf dans certains secteurs surprotégés comme l’agriculture, c’est qu’il ne voulait ou ne pouvait bousculer des privilèges de notables, des monopoles locaux, des protections contre les OPA venues de l’étranger. Aujourd’hui encore, le marché intérieur suisse ne se met en place que laborieusement et en partie sous pression de l’Union européenne. La Suisse n’était libérale que pour le droit d’exporter sans entrave et pour la libre circulation des capitaux que réclamait sa forte position bancaire. C’est un paradoxe de voir un parti qui se veut gardien des traditions suisses fonder son ultralibéralisme sur une lecture erronée de l’économie suisse qui était cartellisée et d’origine corporatiste.
En revanche, on n’est plus dans le domaine du paradoxe mais dans celui de l’inacceptable, lorsqu’un conseiller fédéral s’exprimant dans un journal étranger prend le contre-pied de la politique stratégique du gouvernement auquel il appartient. ag
«Je ne suis pas contre l’Union européenne, déclare Christoph Blocher au Figaro, je pense seulement que la Suisse ne doit pas y entrer. Il faut que nous gardions notre liberté de décision. Si nous entrons dans l’UE, les autres décideront pour nous.»
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