Dans L’Evénement syndical du 10 novembre, Pierre-Yves Maillard dégage quelques leçons de son expérience syndicale. Il souligne d’abord les difficultés de recrutement. Pour la région Vaud-Fribourg de la FTMH, il faut observer des départs (décès, installation à l’étranger, démission, changement de branche) de 7 à 8% des effectifs. Cela signifie recruter sept cents nouveaux adhérants pour maintenir le nombre des syndiqués. Et pour ceux qui travaillent comme professionnels au syndicat (quarante personnes) il n’y a que la qualité du travail qui assure le succès: présence sur le terrain, connaissance du droit du travail, de la loi sur le chômage, sur l’assurance maladie, des conventions collectives.
Mais si le syndicat répond à ces exigences d’organisation et d’efficacité doit-il engager des luttes frontales? Voilà la réponse que Pierre-Yves Maillard tire de son expérience.
«Les salariés se sont organisés en syndicat pour bousculer le réel, pour changer l’ordre des choses, ou pour se défendre. Le mouvement, la lutte, sont aux origines, aux sources. Non pas comme but en soi – le but des salariés, c’est de vivre en paix – mais comme moyen indispensable pour vivre mieux. Un syndicat incapable de lutter est un syndicat qui n’a plus de salaire à offrir aux employeurs corrects. S’il n’est pas capable de sanctionner, par la lutte syndicale démocratique, les milieux patronaux hostiles, revanchards, alors les milieux patronaux avec lesquels il a développé des relations apaisées n’ont plus de bénéfices à escompter de leur comportement progressiste. Dans la froide réalité du système capitaliste, cette faiblesse finit toujours par se payer cher.
Le mouvement syndical s’est souvent déchiré sur la question de la paix du travail; il s’est souvent demandé s’il devait être un mouvement de luttes ou un prestataire de services. Comme beaucoup de sujets qui le divisent, ces débats sont stériles. Il faut tout cela.
Pendant mes années d’activité syndicale, j’ai vu les bleus de travail bras croisés dans des usines et les drapeaux flotter. Mais j’ai aussi appris que la lutte amène avec elle autant la peur que l’enthousiasme. La grève n’est pas toujours joyeuse et les victoires sont souvent fragiles. La victoire durable des salariés nécessite l’accumulation d’expériences, de connaissances, de moyens financiers, de savoir-faire, dans une organisation efficace. Elle nécessite également un débouché politique fidèle aux intérêts du monde du travail.»
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