La récidive légitimée
Quelle tristesse de voir les fédéralistes patentés soutenir le paquet fiscal en bagatellisant la résistance ouverte des cantons ! Avec quel argument ? celui de la résignation consentante : la souveraineté fiscale cantonale a déjà été mise à mal par la loi sur l’harmonisation, les Chambres en ont donné une interprétation extensive, matérielle, si souvent qu’un empiétement supplémentaire ne change rien au rapport de force. Et si l’on fait remarquer que des dispositions violent clairement la Constitution, qu’importe, répondent les docteurs en fédéralisme, ce n’est pas la première fois ! Nouvelle conception du droit. La récidive n’est pas un cas aggravant, c’est l’amorce d’une habitude légitimante.
Le tiroir-caisse
L’opposition vigoureuse des cantons au paquet fiscal qui tant dérange la droite politique et économique, l’engagement personnel énergique et courageux des conseillers d’Etat est considéré par les fédéralistes purs comme un simple réflexe égoïste sans portée politique : ils ne font que défendre leur tiroir-caisse !
En fait, les cantons sont en première ligne pour faire face aux nouvelles données démographiques : le vieillissement de la population et son coût, les formations longues et leur coût, l’augmentation de certaines formes nouvelles de pauvreté et de marginalisation. Quand la droite dénonce abstraitement le gonflement des dépenses de l’Etat, elle nie ces nouvelles données sociales. La résistance des cantons et des conseillers d’Etat est celle de femmes et d’hommes de terrain, qui sont confrontés aux besoins d’une société en mutation. Le réflexe tiroir-caisse n’est-il pas plutôt le fait de ceux qui soutiennent la baisse spectaculaire des impôts pour quelques bénéficiaires, à l’heure des sacrifices pour tous.
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