Après l’incendie de l’ancienne salle du Grand Conseil vaudois, il est indispensable
de concevoir un plan global d’aménagement de la place du Château à Lausanne.
Classé monument historique, le siège du Grand Conseil vaudois était un lieu vivant. Son adresse était connue de tous les pétitionnaires du canton, attendant sur l’esplanade, avec banderoles et pancartes, les députés montant les escaliers de la terrasse. Mais surtout, malgré l’inconfort de ses bancs, il était dans sa simplicité une salle conviviale, sans cette prétention de singer les Parlements des capitales avec cette exagération ridicule qui est la marque du provincialisme auquel les Vaudois n’échappent pas toujours.
Personne ne songera à une reconstruction à l’identique (ce n’est pas la Fenice), mais peut-être la façade, colonnades et frontons, pourra être sauvegardée, bel exemple de néo-classicisme premier Empire (le canton est un produit de la Médiation) affichant ses origines face au Château de l’évêque. Et surtout si quelque chose pourra être recréé, avec les matériaux et les exigences modernes, ce devrait être l’esprit de cette salle qui était plus qu’un hémicycle et un auditoire. Interviennent dans cette composition de manière subtile, la pente des gradins (surtout pas cette verticalité de la Chambre des députés français), la courbure de l’hémicycle (surtout pas ces travées rigidifiant la gauche et la droite), la proximité de la table gouvernementale et des députés, la discrétion de la tribune présidentielle. C’est une sorte de théâtre. On souhaite aux architectes futurs une réussite à l’égal de celle du monument disparu.
Le programme de restauration et de réaménagement sera particulièrement lourd. Il n’y aura pas que la nouvelle salle du Grand Conseil. Il est urgent (ne serait-ce que pour des raisons de sécurité) de transformer l’ancienne Ecole de chimie qui devrait avoir pour vocation naturelle de recevoir l’administration du Département de la Formation et de la Jeunesse, libérant les appartements proches occupés à la Rue de la Barre. Le Château lui-même est à entretenir. Enfin la place vouée au parking est indigne du lieu, le parcage devrait y être souterrain. Ce programme global dépasse cent millions à étaler sur une dizaine d’années. Les autorités nouvelles auront-elles l’audace d’un plan global ? L’incendie et ses ravages irréversibles ne permettent pas d’éluder la réponse. ag
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