Lucerne a ceci d’admirable, qu’en un périmètre restreint elle offre à la vue, d’un seul coup d’œil, à partir de la «gare-débarcadère», des monuments forts de son histoire : le médiéval, le gothique, le baroque, l’hôtellerie du XIXème et, ajout du XXème, le toit-étrave de Jean Nouvel qui fend avec audace le bleu du ciel et du lac.
Plus discret, mais situé au centre ville, le bâtiment (début du XIXème, neo-classique) de l’ancienne Banque nationale a été transformé pour abriter les tableaux de la Fondation Rosengart. Les contraintes du bâtiment, assez fortes, ont été réglées efficacement pour l’éclairage latéral, bien maîtrisé, plus difficilement pour les hauteurs sauf au rez d’entrée où les cimaises permettent l’accrochage ample de grands Picasso.
La collection, riche en pièces exceptionnelles, renvoie à une confrontation presque directe entre Klee et Picasso. D’un côté, une œuvre perçue comme un travail de patience, de minutie, qui s’accommode du petit format que Klee affectionne, mais aussi une œuvre de renouvellement constant et d’audace. Et de l’autre, le travail de Picasso, virtuose, volontariste, capable à la fois d’être lui-même en se coulant dans des styles contrastés, séduit par le pastiche pour mieux souligner sa marque, et recouvrant parfois au réalisme plus cruel que des recompositions, tel ce portrait de Dora Maar (1941) poussé à la limite agressive de la mise à nu.
La collection est riche aussi de tableaux de premier plan des classiques de la fin du XIXème, d’un Miro superbement rafraîchissant et, à relever, deux séduisantes études de Seurat de très petit format qui vous obligent à résister à l’envie de « partir avec » sous le bras. Une donation et une collection remarquable, un enrichissement du patrimoine collectif. ag
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