En 1920, emmené par le président Motta, le pays adhérait à la Société des Nations.
Plus audacieuse qu’aujourd’hui, la Suisse était un des membres fondateurs.
Le 15 novembre 1920, le président de la Confédération Motta, flanqué des conseillers fédéraux Haab et Schulthess, pantalons rayés, redingote sombre, faux-col amidonné, tous trois portant moustache noire fournie et assortie, chapeaux hauts-de-forme, défilaient, au son des cloches dans les rues de Genève pour se rendre à l’Hôtel National, qui fut le premier siège de la Société des Nations, dont la Suisse fut considérée comme membre fondateur.
En 1920, un engagement fort
En ratifiant l’additif constitutionnel d’adhésion à la Société des Nations, le 16 mai 1920, par onze et demi-cantons contre dix et demi, une centaine d’Appenzellois ayant décidé du scrutin, le peuple suisse fit un pas plus audacieux qu’en ratifiant, ce 3 mars 2002, l’adhésion à l’ONU. Le pacte de la SDN était une partie du traité de Versailles et des traités subséquents qui imposaient la loi des vainqueurs. Ni l’Allemagne, ni l’Union Soviétique n’en firent initialement partie et le Sénat américain refusa de suivre le président Wilson. Certes, la Suisse avait obtenu, préalablement à Londres, la reconnaissance confirmée de sa neutralité militaire, mais son adhésion demeurait un engagement fort où elle prenait parti dans la politique européenne de ses voisins immédiats. Les partisans et adversaires se répartissaient selon des découpages semblables et différents de ceux d’aujourd’hui. La Suisse romande farouchement francophile adhérait à cette construction de la paix des vainqueurs et le Tessin se joignait à elle, à l’époque, avec enthousiasme. La gauche socialiste était hostile à cette institution des puissances impérialistes.
L’engagement de la Suisse dans la SDN connut des avatars importants liés aux convictions de Motta : opposition à l’adhésion de l’URSS, application souple des sanctions économiques contre l’Italie qui agressait l’Ethiopie, puis reconnaissance de cette occupation coloniale et enfin retour à la neutralité dite intégrale.
Notre originalité
En comparaison de ce parcours, l’engagement de la Suisse d’être le 190e pays de l’ONU, s’il est toujours de forte portée politique intérieure, est en fait de faible prise de risque. On relèvera toutefois que les commentaires étrangers ont très souvent titré : la Suisse abandonne sa neutralité. La diplomatie suisse aura donc un travail important à fournir pour faire valoir notre originalité : le sens de notre neutralité historique et de notre fédéralisme, notre passé sans conquêtes territoriales entraînant un jeu de revanches, notre absence dans les mainmises coloniales, notre disponibilité comme pays hôte des institutions internationales, etc. Bref de faire valoir notre qualification internationale. ag
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