Quelles sont les compétences des jeunes romands élèves de 9e année ? Et aussi quelles sont les performances de chaque canton ? Les résultats détaillés et pertinemment commentés ont été publiés par l’Institut de recherche et de documentation pédagogique (IRDP)1, après dépouillement du programme international d’évaluation PISA. Passionnant.
Les différences de performance sont et, au vu du très large échantillonnage, fiables et assez significatives pour qu’on en cherche l’explication. Mais il n’y a pas de facteur qui apparaisse à lui seul déterminant. Pas les structures, pas la précocité de la sélection, pas la durée de l’école enfantine, pas globalement le niveau socio-économique des parents même si cette donnée influence fortement la répartition des élèves entre les filières. Toutefois un facteur permet une corrélation : la langue maternelle. Le 42 % des élèves des terminales à Genève se déclarent non francophones. Il peut être affirmé sans risque d’erreur que la maîtrise de la langue écrite est pour eux difficile d’autant plus que leur apprentissage du français s’est fait d’abord par immersion orale. Il est probable aussi que la stimulation et la pression sociale soient plus fortes dans les petites communautés où chacun sait ce que fait l’autre que dans les tissus urbains aux mailles plus distendues
La recherche des facteurs de différence, car ils sont opérants, et de leurs combinaisons, est donc un excellent défi. Il appelle la plus grande prudence scientifique, il met hors champ les monomaniaques d’une seule idée. Il demande la prise en compte et des facteurs sociologiques et des facteurs pédagogiques.
La présentation méthodologique des épreuves fait découvrir aussi ceux qui ne participaient pas aux épreuves et qui ne doivent pas être oubliés, tous ceux qui ne suivent pas une scolarité ordinaire : les enfants handicapés de l’enseignement spécialisé, les enfants des classes d’accueil ouvertes pour les enfants de requérants d’asile ou d’immigrants qui n’ont aucune connaissance du français, les classes de développement où se regroupent des enfants en difficultés parfois temporaires. Ils représentent dans le canton de Vaud le 6,85 % des élèves des degrés 5 à 9. Mais eux aussi auront à participer à notre vie sociale.
Les résultats enfin sont passionnants parce qu’ils prennent le contre-pied des évaluations qui n’ont d’yeux que pour les meilleurs : combien de bacheliers, combien d’étudiant(e)s, combien de prix Nobel, combien de médailles d’or ! Dans PISA tous les enfants, comme dans une course d’équipes, participent au classement. Les plus faibles contribuent au succès au même titre que les meilleurs. Enfin une épreuve qui n’est pas sélective mais globale. C’est une leçon démocratique, car la qualité d’une société est faite des chances offertes à chacun de ses membres. Elle devrait toujours être gouvernée, mais on en est loin, selon la logique du classement par équipes. Il est précieux que les écoles cantonales, et celles des pays participants, soient incitées à se mesurer dans des épreuves où ce sont les derniers qui contribuent aussi pleinement au succès, où l’amélioration par le bas compte autant que les prouesses sur le haut. AG
1Compétences des jeunes Romands. Résultats de l’enquête PISA 2000 auprès des élèves de 9e année, Christian Nidegger, IRDP, 2001.
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