L’article, paru dans DP n°1552 avec le titre La rente prime sur la réinsertion appelle de ma part les remarques suivantes tirées de mon expérience professionnelle dans un syndicat du bâtiment.
Pour comprendre le nombre élevé de cas d’invalidité en Suisse, on doit absolument prendre en compte l’absence d’assurance maladie professionnelle. Ce qui signifie l’absence d’une vraie politique de prévention utilisant un instrument décisif : les primes par entreprise en fonction du nombre de sinistres, à l’image de la SUVA (assurance accident professionnelle).
Dans une économie comme la nôtre qui admet le chômage de masse, il est utopique de croire que les nombreux invalides provenant de professions où la part physique est prépondérante pourraient tous retrouver une activité après une réinsertion. Le nombre des candidats à ce type de poste dépasse, et de loin, les places disponibles.
Par ailleurs, les pressions sur le travail découlent de cette même société : le chômage et l’accélération des cadences sont à l’origine d’un grand nombre de cas d’AI. La baisse du nombre de saisonniers dans les années nonante – il s’agissait de travailleurs jeunes qui cotisaient mais rentraient chez eux après quelques années, volontairement ou parce que, pressentant un problème de santé, leur patron ne renouvelait pas leur contrat – est une des causes des difficultés actuelles d’AI.
Il se peut qu’il y ait eu des abus dans les demandes de l’AI il y a vingt ans. Aujourd’hui il est évident que, pour des raisons financières, l’AI refuse des demandes fondées mais difficiles à prouver.
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