Après la journée électorale de qualité organisée par la TSR, quelles sont
les perspectives pour la prochaine législature ?
La télévision romande nous a infligé assez de débats préélectoraux fastidieux Ð mais nul n’était tenu de les suivre Ð pour ne pas la féliciter d’avoir animé une soirée-résultats vivante par une répartition du plateau entre diffusion des résultats, commentaires, débats, et interviews en circulant au « bar ». Et puis, c’est l’avantage de l’après-vote : quiconque est tenté de redérouler le programme s’attire la remarque coupe-élan : inutile d’en faire trop, le peuple a voté. En revanche, devant les résultats, il y a une vérité du comportement toujours révélatrice.
Si les invités étaient assez représentatifs de la nomenklatura politique romande, à relever qu’à Zurich, au même moment, se tenait une table ronde avec la participation de tous les présidents des partis suisses.
L’ambiguïté des médias est faite à la fois de leurs convictions propres et de leur désir de dramatisation. Si Blocher n’existait pas, ils l’inventeraient : d’abord pour le diaboliser, puis pour l’humaniser, dans un jeu d’aller et retour équivoque. On parle du tribun, c’est politiquement simple ; mais peu d’analyses mettent en évidence concrètement les répercussions sociales des votes de l’UDC. Christiane Langenberger, faisant remarquer à un journaliste de la Radio romande la profusion de colonnes consacrées à Blocher dans la presse romande (Le Temps, mais aussi ajouterons-nous, les hebdos) eut droit à la réponse stéréotypée : « vous voulez dire que c’est la faute aux médias ? » Il y aurait une manière simple de faire un constat objectif : c’est de prendre un centimètre et de mesurer les colonnes et les pages. Qui fera l’exercice ?
En tout cas, le deuxième siège UDC vaudois, que ne justifient ni l’action de ce parti à Berne, ni la personnalité politique de ses candidats, n’a pas d’autre explication première que la surmédiatisation de l’étiquette UDC.
Le jeu sera facilité pour le parti radical
Le nouveau jeu politique, mais est-il nouveau, apparaissait clairement au fil des improvisations télévisées. L’UDC sera maintenue en situation minoritaire (un siège) au Conseil fédéral. D’une part, elle n’est pas, par ses méthodes, salonfŠhig ; d’autre part le Conseil fédéral ne peut pas affirmer sa volonté d’ouverture à l’Europe et accepter un anti-européen en son collège. Mais la politique ultra-droite de l’UDC, fiscale et sociale, sera la bienvenue dans les votes au Parlement. Et le parti radical est mis en situation renforcée, pouvant faire savoir à un PDC trop centriste, ou à un parti socialiste trop insistant dans ses exigences sociales, qu’il y a des solutions de rechange à droite. D’abord une menace pour faire rentrer dans le rang. Le glissement à droite ne sera donc pas spectaculaire au niveau des personnes, mais sensible sur les objets concrets. La marge de manœuvre socialiste, singulièrement rétrécie. ag
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