On voulait prendre l’affaire plutôt comme un sujet de caricature que comme un sujet de dissertation. En effet un service secret doit être un terrain idéal pour un comptable indélicat, car les espions, quand ils sont payés, n’ont pas pour habitude, on l’imagine, de signer des reçus. Mais il ne s’agissait, paraît-il, pas d’espions soldés ; c’était des cours de répétition (sic). Pourtant dans le renseignement, les miliciens qui y sont rattachés doivent demeurer anonymes, d’où la facilité de présenter de faux justificatifs. Bref on supputait comme dans un roman de John Le Carré, que la surveillance interne était d’autant plus serrée que les marges d’abus étaient grandes. Qu’un comptable des services secrets ait pu mener un train de vie largement au-dessus de sa rétribution n’a pourtant intrigué personne : il devait avoir fait un héritage ou gagner à la loterie !
Mais la question fondamentale n’est pas caricaturale : à quoi sert un service suisse de renseignements. Est-ce un service de renseignements généraux, à la française, détectant et anticipant des risques de troubles intérieurs ? Est-ce un service de contre-espionnage, voulant éviter que la Suisse soit une plaque tournante des agents secrets ? A-t-il des tâches, policières, de détecter les circuits terroristes ? Ou se renseigne-t-il sur les innovations technologiques militaires ? Bref à quoi sert-il ? La mission d’un tel service n’est pas un secret défense. Adolf Ogi, visiblement dépassé, saura-t-il renseigner le Parlement ? Et ce dernier se donnera-t-il les moyens de débattre en connaissance de cause du rôle contrôlable d’un service de renseignements suisse ? ag
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