La Fondation Suisse solidaire s’est embourbée dans les débats sur la politique de la Banque nationale.
Et la gauche s’est fait prendre dans une alliance contre nature avec l’Union démocratique du centre.
L’échec de la candidature de Sion à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver en 2006 a été vécu comme si l’étranger nous renvoyait une image ternie de la Suisse. On peut comprendre et partager la déception des Valaisans, unis derrière un projet fédérateur. Mais il faudrait aussi s’interroger sur la manière dont nous dessinons, sous notre seule responsabilité, un autoportrait caricatural. Le traitement du dossier de la Fondation Suisse solidaire en est la dernière retouche.
Le dossier s’est embourbé dans la rédaction de l’article instituant la Banque nationale. Il fallait, avant de pouvoir disposer de ses réserves d’or, découpler l’or et la monnaie. L’ancienne Constitution exigeait en effet que les billets de banque soient couverts par de l’or et des avoirs à court terme. La nouvelle Constitution se contente de parler « de réserves monétaires suffisantes, dont une part doit consister en or ». Le découplage a donc lieu. Certes la Constitution n’autorise pas la libre disposition des réserves dégagées. Mais concernant la Fondation, qui requiert un acte législatif unique et qui n’institue pas une nouvelle règle permanente de fonctionnement, il aurait été possible de recourir aux dispositions de la législation d’urgence.
Au lieu de cela on s’est perdu dans une bataille importante, mais scolastique sur les buts de la politique de la Banque nationale, comme si le texte actuel l’obligeant à « servir les intérêts généraux du pays » ne suffisait pas. Et le Conseil national, discutant de deux choses en même temps, et de la légitimité de la base constitutionnelle de la Fondation et de l’orientation de la politique de la BNS, a fait sombrer le tout. Lamentable.
L’article actuel de la Constitution permet à la BNS d’agir. Il n’y a donc pas péril, ni urgence. La Fondation en revanche est une promesse à tenir, dans les meilleurs délais, que ce soit par une loi ordinaire ou par le droit d’urgence. Il y a priorité morale. J’ai honte devant l’ensablement de ce projet avant même qu’il soit soumis au peuple. Quel manque de conduite et de tenue des responsables politiques. Insupportables les vantardises généreuses qu’on oublie le lendemain ! Les Suisses s’irritent d’avoir été mal aimés et maltraités par un aréopage international. Se regardent-ils dans un miroir ? ag
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