Le projet d’intégration présenté par les deux recteurs des Unis Lausanne et Genève et le président de l’École polytechnique est, à son heure, une réforme audacieuse. Il faut certes attendre pour une appréciation nuancée que s’en dessinent les contours détaillés. DP reviendra naturellement sur ce sujet. Mais d’emblée il faut appuyer ce qui est plus qu’une idée : un premier pas.
Il y a longtemps que la coexistence sur le même site, à Dorigny, d’enseignements parallèles en chimie, en physique et en mathématique posait le problème non seulement d’une coordination, mais d’une intégration.
Les tentatives avaient jusqu’ici échoué, pour plusieurs raisons.
D’abord une collaboration poussée Uni Lausanne-EPFL a été instituée ; ce premier pas, réel, permettait de repousser l’union, sans mauvaise conscience. La séparation avait aussi ses justifications, ou prétendues telles, théoriques. L’enseignement universitaire était censé être plus fondamental que l’enseignement polytechnique, réputé plus pratique. Cette différence était corporativement bétonnée par l’obligation pour les enseignants scientifiques vaudois de passer par l’Université. Enfin beaucoup étaient attachés à la conception de l’université telle que définie par Humboldt, c’est-à-dire regroupant toutes les branches du savoir. L’amputation de plusieurs disciplines scientifiques était censée mettre fin à l’universalité, donc mortelle.
Vers une issue favorable
Après l’effort vaudois important en termes d’investissement et de premier équipement, les disciplines scientifiques coûteuses (physique, chimie) sont placées devant des problèmes de renouvellement, peu compatibles avec les restrictions budgétaires. Mieux vaut donc se regrouper que végéter.
Les grandes lignes du projet présenté sont intelligentes. On les rappelle. L’EPFL reprend les mathématiques, la chimie, la physique de l’UNIL. Vaud abandonnerait aussi au profit de Genève la pharmacie, ce qui est une concession de taille si l’on connaît l’histoire de ce dossier et si l’on n’oublie pas la construction coûteuse et récente d’un bâtiment destiné à abriter et à équiper la pharmacie universitaire. Développer en contrepartie la biologie à Lausanne est une application juste du choix d’un pôle d’excellence, compte tenu de l’importance de la recherche médicale et de l’Isrec. Toutefois, dans le schéma présenté, la coordination en biologie avec Genève paraît floue, comme le sort de la physique et de la chimie genevoises.
Ce qui peut laisser espérer cette fois-ci une issue favorable, c’est le rôle naturel de la Confédération, autorité subventionnante, patronne de l’EPFL et de surcroît appelée à consentir un effort supplémentaire important. Les arbitrages lui appartiendront naturellement. Autre difficulté, les plans vaudois de développement de la biologie apparaissent encore flous. Or ils sont prioritaires par rapport aux autres activités que l’UNIL peut rêver développer. La crédibilité vaudoise passe par un projet sérieux et planifié de développement en biologie et en sciences de la vie.
Une des chances du projet est la conjonction Ruth Dreifuss-Charles Kleiber au niveau fédéral. La réussite dépendra beaucoup des exigences qu’il poseront de leurs arbitrages, de leurs stimulations. ag
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