
Genève s’apprête à faire face à un déficit abyssal en 2021. Pour le contrer, l’exécutif propose une réduction de 1 % du salaire des fonctionnaires pendant quatre ans, ainsi que d’autres mesures concernant la gestion des augmentations (annuités) et des cotisations au deuxième pilier.
Rappelons que ce déficit prévu résultera de l’impact économique du Covid, mais aussi, et principalement, de la réforme de l’imposition des entreprises et de la recapitalisation de la caisse de pension des fonctionnaires, deux projets validés par le peuple. L’économie obtenue par la baisse des salaires s’élèverait à une trentaine de millions de francs par an pour un déficit attendu de plus de 500 millions de francs en 2021.
Avec cette annonce, le Conseil d’État donne une fois de plus le sentiment de naviguer à vue. Souhaite-t-il apporter une réponse conjoncturelle post-Covid en demandant un effort de solidarité exceptionnel ou s’attaquer de façon structurelle au déficit chronique de l’État ?
S’il poursuit la première intention, l’exécutif agit de manière particulièrement maladroite en ciblant exclusivement les fonctionnaires dont certains, en particulier le personnel de santé, se sont investis corps et âme depuis ce printemps. C’est aussi oublier ceux qui ont profité de cette période et qui devraient également être mis à contribution.
Un impôt exceptionnel de solidarité sur les revenus et la fortune ainsi que sur les bénéfices des entreprises permettrait de faire preuve de solidarité, et mieux encore en appliquant un barème progressif. Cela permettrait d’éviter d’ajouter à la crise sanitaire la crise sociale annoncée par des syndicats prompts au combat. Encore faudrait-il oser briser le tabou du «moins d’impôt» cher à la droite.
S’agissant du second objectif qui vise les économies structurelles, plutôt que de continuer d’appliquer de vieilles recettes linéaires, on préférerait voir le gouvernement oser enfin sérieusement entreprendre la réforme de l’organisation de l’État.
L’objectif doit être clairement annoncé et les errements du passé évités – on pense parmi tant d’autres au pathétique exemple de la gestion catastrophique du projet de réforme de la grille salariale (Score) qui aura coûté 1,8 million avant d’être abandonné.
Une nouvelle méthode est indispensable. Elle implique tous les partenaires, en particulier ceux qui sur le terrain connaissent le mieux les (dys)fonctionnements et sont les mieux à même de proposer des solutions innovantes.
S’ils demandaient un effort ponctuel à tous ceux qui peuvent le consentir et en annonçant sa volonté de réorganiser l’État pour qu’il réponde aux réalités et défis du XXIe siècle, les contes du Conseil d’État seraient plus audibles et leurs comptes plus acceptables.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!