Outre cinq objets fédéraux soumis à votation ce 27 septembre, des dizaines d’autres ont sollicité les citoyens en Suisse. En Argovie, les coûts seraient à l’origine d’un rejet, alors que ceux du mégaprojet Hardturm sont acceptés dans la ville de Zurich.
Un échec provisoire
Gros producteur d’énergie grâce aux trois centrales nucléaires de Beznau, Leibstadt et Gösgen sises sur son territoire, le canton d’Argovie doit adapter sa loi sur l’énergie datant de 2012, afin de la rendre conforme aux objectifs de la politique énergétique fédérale. Le 3 mars dernier, le Grand Conseil argovien adoptait par 80 voix contre 50 la version révisée (p.40-46) de la loi cantonale sur l’énergie et décidait tout aussitôt de la soumettre au référendum spontané. La votation de ce 27 septembre se solde par un rejet à la courte majorité de 50,4 % des votants.
Les refus ne concernent sans doute pas l’objectif principal de la loi révisée, à savoir la réduction des émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie des bâtiments, pour leur chauffage notamment. En effet, les opposants ont surtout dénoncé le coût des diverses mesures prévues, à la charge des propriétaires et de leurs locataires, ainsi que toute la bureaucratie liée aux autorisations et contrôles.
Le conseiller national UDC argovien Andreas Glarner, plus célèbre pour ses diatribes antimigrants que pour ses préoccupations climatiques, n’a pas manqué de mener l’opposition à un projet de loi qu’il juge carrément nuisible pour la prospérité économique, la santé financière et l’attractivité fiscale de son canton.
On peut raisonnablement prévoir qu’un nouveau projet de loi argovienne, moyennant certaines corrections en réalité mineures, passera la rampe dans les années à venir.
Succès en quatrième votation
La ville de Zurich s’offre deux équipes de football: le FCZ en Superleague et Grasshopper, actuellement en Challenge League. Depuis une bonne dizaine d’années, à la suite de la démolition du Hardturm, elles se partagent le même stade du Letzigrund, qui accueille par ailleurs des compétitions d’athlétisme et d’autres grands événements.
En 2003, le futur statut foncier et la reconstruction du Hardturm avaient obtenu une première approbation en votation populaire. Mais, après un changement de statut, une nouvelle votation eut lieu en 2013, qui marqua le refus du financement du stade par la Ville. D’où le retrait de cette dernière, qui a remis à des investisseurs privés emmenés par Credit Suisse l’entier du projet «Ensemble», accepté lors d’une troisième votation en 2018.
Mais vu la complexité du projet, la Ville a dû établir un plan spécial d’affectation, accepté par le Conseil de ville le 23 octobre 2019. Cette décision a fait l’objet d’une demande de référendum émanant d’une Communauté d’intérêts pour des espaces libres, composée notamment par des riverains et des jardiniers de l’immense friche urbaine du Hardturm.
Une quatrième votation populaire a donc eu lieu ce dimanche 27 septembre; le projet a recueilli une confortable majorité générale de 59 % – avec un score à peine inférieur dans les arrondissements votant traditionnellement à gauche. La municipalité à majorité rose-verte et diverses personnalités des mêmes partis ont d’ailleurs ouvertement appuyé le mégaprojet du Hardturm.
Pas trop surpris par leur défaite, les milieux référendaires relèvent qu’ils auront contribué à mettre en évidence la nécessité de préserver une certaine diversité d’utilisation du sol urbain. Ils poursuivront probablement le combat dans ce sens général, sans plus se concentrer sur le fameux stade de football entouré par deux tours géantes et leurs 570 logements (sur les 800 prévus sur le site) qui devraient contribuer à partir de 2024 à rentabiliser l’ensemble du projet devisé à quelque 570 millions de francs.
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