
L’urgence absolue que nous impose la pandémie ne doit pas occulter celle que représente le réchauffement climatique. Si les effets dévastateurs du second nous paraissent plus éloignés dans le temps, les actions à mener pour y faire face relèvent tout autant de l’urgence.
En matière d’émissions de CO2, la Suisse n’est certes qu’un acteur marginal: moins de 0,1% du total des émissions mondiales. Cet état de fait ne justifie pourtant pas l’inaction (DP 2278). Si l’on tient compte des émissions dispersées à l’étranger dans le processus de fabrication des produits que nous importons, cette part augmente d’au moins 50% mais reste toujours de peu d’importance.
Comment la Suisse, au-delà de ses devoirs domestiques, peut-elle influencer le volume des émissions de la planète, notamment celles des principaux émetteurs comme la Chine, l’Inde et les Etats-Unis? Une contribution de foraus, le think tank suisse de politique étrangère, tente de répondre à cette question.
Dans ces pays, seules des technologies bon marché sont susceptibles de contribuer de manière significative à une réduction des émissions. A titre d’exemple, l’auteur mentionne le soutien massif à l’énergie solaire au cours des 20 dernières années. La réduction des coûts qui en a résulté a provoqué un boom du solaire, en particulier en Chine et en Inde.
L’auteur suggère que la Suisse développe une politique modèle qu’elle pourrait diffuser au-delà de ses frontières. Mais au lieu de trop embrasser, cette politique devrait se concentrer sur un seul domaine, en l’occurrence celui des bâtiments, responsable de 40% des émissions globales. Par ailleurs, l’immobilier obéit à un cycle de renouvellement très long – taux annuel de rénovation de 1% – ce qui impose d’agir sans tarder. Enfin, notre pays dispose de compétences reconnues en matière d’efficacité énergétique et de constructions énergétiquement autosuffisantes.
Premier volet: des bâtiments neufs climatiquement neutres et l’assainissement des constructions existantes dès 2023. Les taxes prévues par la nouvelle loi sur le CO2 – 500 millions à un milliard de ressources nouvelles – devraient suffire à financer subventions et garanties.
Deuxième volet: un programme de recherche visant à mettre à disposition de la communauté internationale les technologies propres à lutter contre les dérèglements climatiques. L’auteur pense en priorité à l’industrie cimentière, un secteur très polluant qui, à l’instar du trafic aérien, n’a pas encore trouvé de solutions pour décarboner son activité.
Troisième volet: une action internationale qui elle aussi devrait se concentrer sur un ou deux pays et porter sur le domaine bâti. A disposition chaque année quelque 600 millions prévus pour le financement international du climat et plus de 600 millions versés à titre de contribution volontaire par les importateurs de carburant (10-12 centimes par litre payés par le consommateur), des sommes actuellement investies dans plus d’une dizaine de pays pour des projets de tous genres. Plutôt que plusieurs administrations et lobbyistes s’activent dans tous les domaines et un peu partout, se concentrer sur un secteur prioritaire et en confier la gestion à une plateforme interdépartementale.
La mise en œuvre de ces trois volets devrait permettre de proposer rapidement un modèle d’action visible et concret. Si la riche Helvétie n’est pas en mesure d’instaurer sans tarder la neutralité climatique de ses bâtiments, qui d’autre le fera, conclut l’auteur.
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