
Le Musée Jenisch à Vevey abrite le Cabinet cantonal des estampes, riche de plus de 35’000 pièces. De prestigieuses collections y sont déposées. Récemment, le musée a inauguré le Pavillon de l’estampe, où sont présentées trois expositions annuelles.
L’univers poétique de Claire Nicole
Cet espace est actuellement consacré à l’œuvre de Claire Nicole. Née en 1941, elle a son atelier sur les hauts de Lausanne. Elle totalise plus de soixante expositions individuelles et a participé à de nombreuses expositions collectives.
Elle pratique la peinture, le dessin, mais s’est aussi intéressée au vitrail et à la tapisserie. Dans les années 1980, elle redécouvre la gravure. C’est cet aspect de son travail qui est présenté ici. Elle pratique surtout la pointe sèche. Pour mémoire, ce terme désigne à la fois une technique et l’outil nécessaire à celle-ci: un outil en acier et pointu servant à graver le métal. Le premier à l’utiliser fut Dürer. Rembrandt s’en servira aussi. Mais l’artiste vaudoise ne dédaigne pas l’emploi d’instruments peu communs, comme la fourchette, le rouleau à pâtisserie ou un instrument de dentiste.
Ses œuvres étant rigoureusement abstraites et ne possédant en général pas de titre pouvant orienter la vision du spectateur, chacun reste totalement libre de les interpréter comme il veut. Elles sont donc difficiles à «décrire». Tantôt Claire Nicole joue avec des formes géométriques (mais pas rigides), atténuées par des jeux de clair-obscur, avec des nuances dans les gris. Tantôt elle pratique une sorte de «tachisme», comme dans la belle Métamorphose 08/6, aquarellée en bleu et noir. Elle aime aussi les griffures du métal, qui forment un ensemble de lignes très fines. On notera particulièrement la présence de Suite au bois composée de 48 eaux-fortes sur papier japon, fabriqué à base d’écorce de mûrier, et teinté à la main.
Voir ou revoir la collection
Les visiteurs qui ne connaissent pas encore le Musée Jenisch (et les autres…) en profiteront pour voir ou revoir un choix d’œuvres appartenant à sa collection.
On relèvera la présence d’un magnifique Bocion, Bateaux au coucher du soleil, moment de la journée que l’artiste vaudois a toujours privilégié. On sera surpris par un Picasso des débuts, encore très influencé par l’Impressionnisme. Et émerveillé par un splendide Hodler représentant l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau, dont les sommets immaculés émergent des nuages. Puis voici un curieux Auberjonois presque pointilliste. Les natures mortes très construites de Morandi, proches de la Nouvelle Objectivité, ont pour pendants celles de Gérard de Palézieux. Signalons enfin un intérieur aux couleurs chaudes de Cuno Amiet. Mais ce n’est là qu’un choix subjectif…
Enfin on ne manquera pas de s’arrêter un moment, dans le vestibule d’entrée, devant deux grandes fresques d’Ernest Biéler, dédiées aux vendanges et aux moissons, très marquées par l’esprit Art nouveau. Et du 5 avril au 11 août on note une nouvelle exposition, celle de la collection personnelle de Pierre Keller.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!