Il n’y a pas de prévision sans diagnostic, en finances publiques comme en médecine. Ou bien on laisse faire la nature et la conjoncture avec, à la rigueur, une tisane chaude au miel et citron ou bien l’on recourt aux grands remèdes qui peuvent être de cheval. En finances, ils ne sont jamais indolores.
Mais quand la fièvre ou le déficit alerte le patient, comment savoir si le mal est profond, conjoncturel ou structurel. La méthode la plus courante est celle du budget de plein emploi. Ë partir des tendances à long terme, on projette une évolution du PIB et l’on calcule les recettes et dépenses qui résulteraient de cette activité normale. Si pour une année donnée le déficit du budget potentiel est nul, on conclut que le déficit réellement enregistré est conjoncturel. Si le budget potentiel révèle lui aussi un déficit, le déficit des comptes sera jugé, pour une part au moins, structurel.
Dans un exposé stimulant, publié dans le bulletin, printemps 1998, du Créa, Jean-Christian Lambelet montre les aléas de cette méthode. Les projections du PIB peuvent varier selon les repères choisis. Peut-il y avoir un trend de croissance constant ? Comment tenir compte des cycles, courts ou longs ? Ë cela s’ajoute le fait que le PIB suisse traduisait, en période de prospérité, une croissance plus faible que celle des pays de l’OCDE et une quasi stagnation depuis les années quatre- vingt-dix.
Il faut donc mettre en œuvre d’autres méthodes complémentaires. Quelques ratios sont connus, popularisés par Maastricht. Rapport dette Ð PIB ; rapport déficit Ð PIB ; rapport intérêts de la dette Ð recettes fiscales. Tout cela est utile. Mais ces travaux devraient être coordonnés avec d’autres disciplines Ð c’est l’occasion ou jamais de parler d’interdisciplinarité Ð notamment la démographie et l’économétrie. Nous suggérons quelques pistes dans le dossier de l’édito. Il s’agirait de savoir plus précisément comment certaines données économiques se répercutent sur la fiscalité. Par exemple, l’endettement qui est en Suisse un des plus élevés du monde par habitant. Mais aussi de savoir qui compose cette société dont l’État a charge.
Car fondamentalement l’étude des finances publiques n’a de sens qu’en rapport avec les besoins d’une société et des hommes qui la composent. Les méthodes d’approche scientifique dont on souhaite le développement s’arrêtent là où commence légitimement la politique. AG
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