Il n’est pas dans les habitudes de la rédaction de DP de commenter les péripéties électorales des pays voisins. Mais le psychodrame des élections régionales françaises, sur fond d’abstentionnisme des citoyens, justifie une interrogation sur le fonctionnement démocratique.
Chaque camp rejette à l’autre les voix lepénistes dont il aurait bénéficié. Chirac a obtenu deux millions de voix d’extrême-droite. Quarante et quelque députés de gauche ont bénéficié du maintien d’un candidat lépéniste en triangulaire. Cinq présidents de région sont élus, après marchandage, par des conseillers régionaux lepénistes faisant l’appoint.
Deux remarques. Dans une élection à la base, à laquelle participent tous les citoyens, les voix ne sont pas récusables et aucun dirigeant de parti n’en est propriétaire. Les reports, s’il y a deux tours, ne sont jamais automatiques. De surcroît le vote est secret. Contester la valeur de votes, librement exprimés, est fondamentalement antidémocratique. D’une autre nature en revanche, l’élection au deuxième degré faite par quelques grands électeurs, comme ce fut le cas pour les présidents des régions françaises. Ces grands électeurs obéissent à des mots d’ordre. Leurs suffrages sont récusables. Pour prendre un exemple suisse, l’élection d’un conseiller fédéral, qui n’est pas directement le fait du peuple mais des grands électeurs qui sont les membres de l’Assemblée fédérale, peut être refusée par l’intéressé.
Curieusement, en France, où chacun a en bouche les mots « valeur républicaine », les partis de la gauche et de la droite classique n’envisagent à aucun instant, pour mettre en échec le chantage de l’extrême-droite, de gouverner ensemble selon un partage équitable des pouvoirs. Il devrait pourtant être possible de définir un intérêt régional commun. Cette hypothèse n’est formulée dans aucun commentaire. Il est de bon ton en Suisse de décrier aujourd’hui les gouvernements de coalition, à quelque échelon que ce soit. On y voit grisaille et neutralisation. Mais la dispute française fait apparaître par contraste les vertus d’un petit dénominateur commun. ag
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