Le romantisme a diffusé l’image d’une Suisse alpine, pure comme l’air des montagnes, pauvre, mais libre. Victor Hugo, dans La Légende des siècles, a ajouté quelques serpentins célèbres à cet enrubannement.
«Telle est la Suisse, ayant l’honneur dans ses prés verts
Et de son indigence éclairant l’univers.»
Cette indigence, depuis longtemps, a été reléguée par nos comptes nationaux, les bilans des banques et les bénéfices des multinationales. Mais persistait l’image de cantons alpins aux ressources modestes, vivant d’une agriculture exploitant des terrains abrupts grâce au soutien des subventions fédérales : la déclivité des terrains est en effet un des facteurs pondérés déterminant les subsides aux exploitations de montagne.
Ces petits cantons que l’on croit pauvres pratiquent pourtant tous une fiscalité particulièrement favorable en comparaison intercantonale. Zoug est toujours cité à ce titre. Il le mérite. Pour un indice suisse de 100 (impôt cantonal, communal, ecclésiastique), il se situe globalement à 50. Mais il cache les autres cantons, terres d’indulgence. On y recense pourtant tous les cantons montagnards des premiers pactes. Pour un revenu de 150 000 francs, un célibataire paie en pour-cent de la moyenne suisse (chiffres 1996) :
Uri : 87,9
Schwytz: 73,2
Obwald : 84,6
Nidwald: 68,4
Zoug : 58,6
Appenzell AR : 87,7
Appenzell AI : 85,2
Parmi les grands cantons, seul Zurich se situe à un niveau comparable: 86,9. Tous les cantons romands sont, eux, nettement au-dessus de la barre. La corrélation entre la fiscalité favorable et les votes conservateurs et anti-européens des cantons de l’Urschweiz est évidente. Ils se diront plus vertueux. Mais ce n’est pas de pauvreté qu’ils font vertu. ag
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