Les Italiens lancèrent la formule : un livre pas plus cher qu’un café. Et l’on aurait pu ajouter qu’un journal. Mais par l’effet d’un mouvement pendulaire les mini poches sont vendus, regroupés dans un multipack : des petits fascicules, aussi chers qu’un livre.
Mises en bouche
Ce produit nouveau n’appartient pas à la mode si obsédante du zapping. Certes les derniers Zoé nous font passer de Philippe Jaccottet à Etienne Barilier, Milena Moser, Isabelle de Montolieu. Mais ces choix, qui se portent obligatoirement sur des textes courts, n’ont pas l’arbitraire des morceaux choisis ou des anthologies. Ce sont des textes représentatifs. Plus que des amuse-bouche, des mises en bouche.
Il faut dire très haut l’apport exceptionnel des éditions Zoé par sa collection de mini poches suisses. Déjà trente textes, bien choisis, sobrement postfacés, plus rarement préfacés. Excellente approche de l’œuvre plus complète.
Le numéro 30 est consacré à une nouvelle d’Isabelle de Montolieu. Elle écrivait beaucoup, en partie pour des raisons alimentaires, des histoires sentimentales, teintées d’helvétisme, de belles et nobles jeunes filles rêvant dans des châteaux froids comme la pierre. L’éditeur et la préfacière Claire Jaquier ont choisi une petite anecdote : le serin de Jean-Jacques Rousseau. C’est assez convenu et pourtant une chose frappe : la qualité du style. Certes, au XVIIIe siècle, il était banal de bien écrire, même parfois trop bien, avec le goût de formules balancées. Isabelle de Montolieu est plus rapide, peut-être par nécessité, d’où son style. Ainsi l’incipit de la nouvelle : « Ma patrie est celle de Jean-Jacques Rousseau. Je fus longtemps enthousiaste de son génie et de ses ouvrages ».
L’intrigue n’est pas à la hauteur du style. J’en resterai certainement là. Mais, avec mes remerciements à mini Zoé pour cette « dégustation ». ag
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