En comparant les dépenses de l’Etat avec les objectifs atteints, on parvient à des résultats étonnants. Exemple africain avec les programmes de lutte contre la mortalité infantile et les projets d’alphabétisation.
Sous la pression des donateurs, les gouvernements des pays en développement s’adonnent à des exercices intéressants et que nous pourrions mettre à profit chez nous. Ainsi de la revue des dépenses publiques qui consiste à comparer les dépenses de l’Etat, les résultats escomptés et les objectifs visés par le gouvernement.
Au cours d’un de ces exercices, le Ministère de la santé d’un pays africain a fait une découverte étonnante. Moins le nombre de médecins et de centres de santé est élevé, moins les enfants en bas âge meurent. A croire que les médecins tuent les enfants.
Pourquoi les enfants tombent-ils malades ?
La diminution de la mortalité infantile représentait l’objectif prioritaire du plan de la législature. Et en bonne logique, on a pensé qu’il fallait augmenter le nombre de médecins par habitant et le nombre de centres de santé, hôpitaux de province et dispensaires de campagne. Malheureusement, le budget n’a pas suivi le plan, c’est-à-dire que les objectifs gouvernementaux ne se sont pas traduits en dépenses budgétaires. L’oubli n’était pas si grave puisque finalement beaucoup moins d’enfants sont morts.
La question que se posent maintenant les fonctionnaires du Ministère de la santé est de savoir pourquoi le taux de mortalité infantile a baissé ? En bons élèves des grandes écoles occidentales ou occidentalisées, les fonctionnaires ont pensé que les enfants mouraient de maladie et que moins les médecins étaient nombreux, plus élevée était la mortalité infantile. Alors qu’ils devaient se demander Ð et c’est ce qu’ils recherchent maintenant Ð pourquoi les enfants tombent malades ? Est-ce à cause de la mauvaise qualité de l’eau, du manque d’éducation des mères ou d’un autre facteur. Si donc ce pays veut diminuer la mortalité infantile, c’est sur ces facteurs qu’il devra centrer son action.
Ecole à mi-temps
Autre exemple, celui du Ministère de l’éducation de ce même pays. Il a lui aussi découvert un illogisme apparent : lorsque le temps passé à l’école par les élèves diminue, le taux d’alphabétisation augmente. Dans ce cas-là, la réponse a été rapidement trouvée. A court d’argent, des autorités régionales avaient décidé de dédoubler les classes sans pour autant engager de nouveaux enseignants. Une partie des enfants fréquentaient donc l’école le matin alors que les autres y allaient seulement l’après-midi, une méthode pratiquée autrefois en Suisse également en période de pénuries humaine et financière. Voyant qu’il était possible d’aller à l’école à mi-temps, les parents se sont dépêchés d’y envoyer leurs filles. Pendant l’autre moitié de la journée, ces dernières peuvent ainsi aider à la maison, dans les champs ou au marché.
Les moyens d’arriver au but ne sont pas toujours évidents et il convient d’abord, pour autant qu’on vise l’efficacité, de bien connaître les relations de cause à effet avant de développer une action. Savons-nous vraiment en Suisse ce qui déclenche la pauvreté et comment y remédier durablement ? Lala Gagnebin
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