
Les lecteurs de DP ont pu suivre le développement des affaires douteuses de Credit Suisse au Mozambique (DP 2145 et 2179) tout comme ils ont pris connaissance du silence dans lequel s’est muré cette banque (DP 2164 et 2204).
Bref rappel. En 2013, Credit Suisse Londres et une banque russe octroient un crédit de plus de 2 milliards de dollars à trois sociétés mozambicaines contrôlées par de hauts responsables publics du pays. Selon les emprunteurs, il s’agit de constituer une flotte de pêche et d’acquérir des vedettes rapides pour protéger cette flotte. Credit Suisse exige que ce crédit soit avalisé par la banque centrale du pays, examiné par la justice, annoncé au Fonds monétaire international et garanti par l’Etat du Mozambique.
Aucune de ces conditions n’a été respectée, ce qui pourtant n’a pas empêché la banque d’accorder le crédit. Une entorse caractérisée à son devoir de diligence.
Quant à l’utilisation de la somme prêtée, les bateaux sont à quai et rouillent sans n’avoir jamais servi. Et 500 millions de dollars ont disparu dans la nature. On soupçonne l’achat d’armement par le régime de Maputo dans le cadre de la guerre civile qui éclate à nouveau.
Lorsque l’affaire est rendue publique en 2015, les pays donateurs qui financent le budget du Mozambique suspendent leur aide, tout comme le Fonds monétaire international. Le pays, dont la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, se déclare alors en cessation de paiement et opère des coupes drastiques dans ses dépenses de santé et de formation.
Un audit financé par la Suède confirme les nombreuses irrégularités entourant cette opération financière, malgré le refus des autorités locales de faire toute la transparence sur cette affaire.
Selon un communiqué de quatre organisations non gouvernementales mozambicaines, l’autorité britannique de surveillance des banques (FCA) vient de renoncer à des poursuites pénales à l’encontre de Credit Suisse au profit d’une procédure administrative. Ce qui réduit sensiblement les pénalités financières potentielles auxquelles la banque pourrait être condamnée.
Quant à la Finma, l’autorité helvétique compétente, on attend toujours de ses nouvelles.
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